• Le ciel tordu, strié de chéloïdes

    S’ouvre comme la gueule d’un volcan

    Crache inlassablement sa bave acide

    Sur les gratte-ciels dressés, suffocants

     

    Les nuages exhalent des fumerolles

    Toxiques ; des processions de taxis

    Rient dans une macabre farandole

    Et peu à peu l’asphalte s’asphyxie

     

    Des baleines volantes vont s’échouer

    Au crépuscule, aveuglées par le masque

    Etoilé des baudroies coiffées de casques

    A pointe et qui font claquer leurs fouets

     

    Dans l’obscurité sans fin des abysses

    La bioluminescence de l’espoir

    Vous couvre de sanglantes cicatrices

    Et précipite l’arrivée du Soir


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    Critique de... La foire aux immortels

     

    Après être allé voir l'exposition sur Bilal au musée des arts et métiers cet été, je me suis lancé pour la première fois dans l'univers de ce dessinateur et franchement je ne suis pas déçu. Un style graphique torturé allié à un scénario de science-fiction politique en béton, je ne pouvais qu'adhérer. On est plongé dans une ville qui ne nous est plus aussi familière : Paris est sous un régime fasciste avec un dictateur au visage de clown bariolé et qui répond au nom de Choublanc (il faut le faire) ; c'est également une mégapole cosmopolite qui abrite de nombreuses races extraterrestres. L'auteur réussit un coup de maître en incluant dans ce scénario sombre des dieux égyptiens : le mélange est détonant. Le dialecte parlé par les "banlieusards" est bien trouvé. Et bien sûr, on s'attache au personnage de Nikopol qui débarque dans cette ville après 30 ans passés en hibernation dans l'espace. Je pense qu'il faudrait le relire plusieurs fois pour en saisir toutes les subtilités et les inventions. Un vrai chef-d'œuvre de la science-fiction, à mettre entre toutes les mains ! 


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    Critique de... Quand Dieu était un lapin

     

    Ce premier roman est un vrai coup de cœur. L'auteure se glisse dans la peau d'une petite fille à la famille rocambolesque et gay-friendly. Après avoir miraculeusement gagné au loto, la famille déménage et s'installe dans une jolie maison, ce qui leur permet de recevoir toutes sortes d'individus plus ou moins loufoques grâce au bed&breakfast. Les questions enfantines et le lent passage à l'âge adulte sont parfaitement retranscrits avec un style rafraîchissant. Même les événements tragiques qui se multiplient (le cancer qui ronge une de leurs connaissances, la meilleure amie qui se retrouve en prison pour des raisons obscures, le frère porté disparu le 11 septembre 2001 qui a perdu la mémoire après un traumatisme crânien) ne parviennent pas à entamer la bonne humeur qui exsude de ce livre. Le titre fait référence à l'animal de compagnie de l'héroïne au début du roman mais également à la perte de l'innocence et de l'indéfectible optimisme caractéristiques des enfants. Pourtant, l'auteure colporte un délicieux message d'espoir. Une magnifique découverte ! 


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  • Chevalier des Lagunes, ton armure

    Est ternie et ton trône renversé ;

    Les couleurs de ton Tableau sont passées

    Et ton règne s’éteint dans un murmure.

     

    Ta vie est un piano désaccordé,

    Toujours rongé par d’entières cohortes

    D’écrevisses et de cloportes ;

    Une partition raturée, ratée.

     

    Ton beau masque de Katchina se brise ;

    Tes chants sacrés lentement agonisent

    Entre tes lèvres bleuies par le froid,

    Scellées comme les ruines d’un beffroi.

     

    Fêlées, tes hanches fécondes ; rouillées,

    Ces plumes d’argent dont tu étais fier.

    Jadis oracle, te voilà muet ;

    Le désespoir croît en toi tel du lierre.

     

    Enfermés dans l’enfer d’un paradis

    Paralysé, tes puissants cris de rage

    Ressemblent aux cris des tombes dans la nuit :

    Ils sont couverts par le bruit de l’orage.


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    Critique de... Black Sad t.2 - Arctic Nation

     

    Alors que le premier tome de Blacksad ne se focalisait que sur une affaire mouillant les hautes sphères, critiquant la partialité dont peuvent faire preuve les juges face à des magnats, ce deuxième volume met en scène une Amérique intoxiquée par la gangrène du racisme, où animaux au pelage blanc (les Arctiques) entendent bien effacer de la surface de la terre ceux au pelage sombre, considéré comme impur. La métaphore de la ségrégation est évidente et excellemment interprétée. Le détective Blacksad est entre deux eaux, avec son pelage noir et son museau blanc. Comme dans le premier volume, cette bande-dessinée mêle un graphisme sublime à un scénario sombre et magistral qui nous happe jusqu'à la dernière page avec ses péripéties et ses retournements de situation. Je trouve ce volume encore meilleur que le premier. A lire et à relire. 


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