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    Critique de... Des larmes sous la pluie

     

    En constatant dans le résumé de la quatrième de couverture que l'auteure s'inspirait de Blade Runner, je me suis méfié, car je suis un fan inconditionnel de cette œuvre (tant le roman de Dick que son adaptation cinématographique). C'est donc avec une attention redoublée que j'ai commencé ce roman espagnol et je n'ai pas été déçu. Rosa Montero ne copie absolument pas l'univers développé dans Blade Runner ; elle s'en inspire simplement pour le nom des androïdes, qu'elle baptise "reps" en référence aux répliquants.

    Elle crée un univers très crédible, avec ses technologies de pointe et ses Terres Flottantes plus ou moins sectaires. J'ai trouvé excellente l'idée d'insérer des extraits des Archives pour donner plus de profondeur à son univers. J'ai aussi bien aimé les descriptions des êtres marginaux que Bruna rencontre tout au long de son enquête : des mutants mutilés par l'excès de téléportations, un extraterrestre télépathe et son réjouissant animal de compagnie, un "mémoriste" mystérieux et la fameuse femme-publicité...

    En revanche, j'ai trouvé un peu facile le ressort scénaristique "oh le policier bourru qui couche avec elle à la fin parce qu'il l'a sauvée des tas de fois", mais c'est négligeable. Bien sûr, les fondations de l'histoire sont on ne peut plus basiques, avec la sempiternelle opposition entre les androïdes et les humains qui craignent de voir ceux-ci devenir la nouvelle espèce dominante et qui s'enfoncent donc dans une xénophobie agressive. Pourtant, les péripéties ne s'enchaînent pas de manière prévisible et on passe un bon moment de lecture.

    Des larmes sous la pluie n'est donc pas un banal copier-coller mais un hommage à un des pères de la science-fiction moderne. 


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  • Salut la compagnie !

    Vous m'excuserez le manque d'articles de la semaine, mais Noël étant tombé un mercredi je n'ai pas publié de poème... Ce sera pour le jour du Nouvel An !

    Ce samedi je vous propose la première partie de la nouvelle Toutes blessent, la dernière tue, envoyée à l'occasion d'un concours organisé par l'association Le Refuge (je vous invite à consulter leur site officiel, très instructif). Le thème était "l'impact de l'homophobie sur les adolescents LGBT".Même si je n'ai pour le moment aucune nouvelle de ce concours (je ne sais pas trop à quelle période le comité est censé donner les résultats), c'était agréable d'écrire pour la bonne cause.

    A la semaine prochaine pour la fin de la nouvelle !

    Ryuta_Roy

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    Critique de... Monga

     

    Résumé : Taipei, quartier de Monga. Mosquito a toujours été un souffre-douleur. Solitaire, il attire comme un aimant les harceleurs et les racketteurs. Ne voulant pas faire de vagues, il a changé plusieurs fois d’établissements à cours de sa scolarité. Aujourd’hui âgé de 17 ans, alors qu’il arrive dans un nouveau lycée, le cauchemar semble recommencer : il est à nouveau harcelé par un petit caïd prétentieux. Seulement, il parvient, par son flegme et sa combativité, à retenir l’attention de Dragon Lee et de sa bande, qui acceptent de le prendre sous leur aile. Mosquito fait ainsi la connaissance de jeunes hommes désœuvrés mais respectant un code de l’honneur à toute épreuve. En effet, Dragon Lee n’est autre que le fils d’un célèbre parrain de Monga. Alors que la bande prend de plus en plus d’importance, Mosquito découvre l’envers de la médaille : l’absurdité des trahisons le révolte mais il ne peut plus revenir en arrière…

    Mon avis : Découvert sur Arte, qui le diffusait il y a quelques semaines sous le titre de Gangs of Taipei, le long-métrage Monga m’a sacrément plu. En plus d’aligner un casting de malades (pour ceux qui ne connaissent pas, Ethan Ruan qui joue Monk est une vraie star à Taiwan), Monga allie une mise en scène sympa et un scénario en béton. Bien sûr, j’ai un peu été perplexe en constatant que l’acteur de Mosquito, environ 25 ans à l’époque du tournage, joue le rôle d’un lycéen (pas très crédible), mais on est vite plongé dans un univers à la fois chaleureux et glacial. Chaleureux, à cause des lampions qui illuminent d’une lueur rougeâtre la nuit taiwanaise, et de l’amitié qui lie les lascars de la bande de Dragon ; glacial, lorsque peu à peu le gang se délite sous les coups des trahisons, jusqu’à l’implosion. Je vous préviens, la fin est assez triste, mais aurait-il pu en être autrement ? Pour ma part, je trouve qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre du réalisateur, à voir absolument.


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  • Sa gorge se serra. Voilà pourquoi le bar était fermé : la gérante était sortie. Il aurait dû être plus prévoyant. A présent, il était à leur merci. Avec un sourire glacé, Raeesa approcha une chaise et s’assit en face d’Erwan. Celui-ci, perdant son sang-froid, cracha à ses pieds : « C’est à toi que j’en veux, sale monstre ! Tu mérites de mourir pour ce que tu as fait ! » Un homme de main l’attrapa par les cheveux et lui asséna un coup de poing dans le ventre pour le faire taire ; le garçon en eut le souffle coupé, mais il se mordit l’intérieur des joues. Il ne devait pas pleurer. Son interlocutrice, qui n’avait pas bougé malgré l’affront, reprit tranquillement :

    -          - Je ne vois pas quel mal j’aurais pu te causer.

    -         - Tu as assassiné mon frère ! répliqua violemment Erwan, luttant contre la douleur. Je ne fais qu’accomplir ma vengeance !

    -        -  En voilà une vilaine accusation. Et comment s’appelait-il ?

    -        -  Hadrien. Il n’arrêtait pas de venir ici.

    -      - Oh. Je vois qui c’est, admit-elle. Un client fidèle, effectivement. Tu m’a l’air jeune ; tu es donc son cadet ?

    -         - Je ne te pardonnerai jamais ce que tu as fait. Tu m’as privé de la seule famille qui me restait. En plus, tu l’as dépouillé de son argent alors qu’il disait qu’il allait bientôt en avoir assez pour franchir le Portail et…

    Erwan fut interrompu par l’éclat de rire de Raeesa. C’était un ricanement sauvage, terrifiant. Quand elle reprit enfin son sérieux, la jeune femme secoua la tête d’un air désolé et remarqua : « Le Portail ne s’ouvre plus depuis des années. La rumeur selon laquelle les ouvriers du Filtrarium pourraient le traverser à condition d’épargner suffisamment n’est qu’un mythe. Si ton frère t’a promis cela, il t’a raconté des bobards. » Le garçon voulut protester, mais elle poursuivit, implacable : « Le Portail n’est qu’un trompe-l’œil. Les habitants du ghetto travaillent tous d’arrache-pied pour survivre, dans l’espoir qu’un jour ils puissent se rendre dans la ville saine ; pourtant, au fond de leur cœur, ils savent qu’ils sont déjà condamnés. Hadrien ne l’ignorait pas, j’en suis sûre. Il ne voulait pas te faire de la peine, alors il te faisait miroiter cette illusion. Seulement, peut-être que lui n’avait plus la force d’y croire… »

    La détermination d’Erwan se fissura. Il s’écria faiblement : « Mon frère n’aurait jamais sombré dans le désespoir ! C’est à cause de tes drogues qu’il est mort ! » Raeesa haussa les épaules d’un air fataliste : « Pour les clients les plus dépendants, je réduis à chaque fois la dose d’oxygène de mon cocktail pour ne pas me ruiner ; il faut bien rentrer dans ses frais… Toutefois, les autres gaz ont un effet neurologique qui fait croire au cerveau que la quantité d’oxygène inhalée est toujours la même. Bien sûr, c’est dangereux à long terme, mais n’oublie pas : ils sont les uniques responsables de leur addiction. Mes habitués cherchent simplement du réconfort. Je les aide à oublier leurs problèmes, pas à les résoudre. »

    Elle se pencha jusqu’à arriver à hauteur du visage tuméfié d’Erwan : « Je comprends ton désarroi, mais tu n’as pas le droit de critiquer le choix de vie de ton frère. Même s’il n’était heureux que virtuellement, son cerveau ne faisait pas la différence. C’est tout ce qui compte. » Cette fois, le garçon commença à pleurer. Il bredouilla, la voix entrecoupée de sanglots : « Le fait qu’on soit ensemble et en bonne santé ne lui suffisait donc pas ? » Raeesa se leva en poussant un soupir las : « Pour vivre paisiblement, les hommes ont besoin d’un horizon. Or, il n’y en a pas à Sfumatopia. Nous sommes obligés d’en créer un artificiellement. »

    Elle se tourna soudain vers lui : « Voici ce que je te propose, petit. Ton innocence m’a touchée, c’est pourquoi je vais t’offrir, aux frais de la maison, le cocktail qui te permettra de t’endormir avec sérénité. Tu peux considérer cela comme un dédommagement pour la tristesse que je t’ai causée. » Erwan écarquilla les yeux, incrédule, mais Raeesa anticipa sa réponse : « Réfléchis bien avant de protester, gamin. Ce ne sera pas douloureux, contrairement au passage à tabac que j’avais prévu de t’accorder. Tu vas ressentir une tranquillité que tu n’as jamais connue. Et l’horizon que tu découvriras est autrement plus lumineux que celui auquel tu vas échapper. »

    Erwan baissa la tête. En son for intérieur, il savait que jamais il ne parviendrait à surmonter les nombreuses épreuves qui l’attendaient sans la présence rassurante de son frère. Raeesa avait en quelque sorte raison : autant s’en aller en douceur plutôt que péniblement survivre. La jeune femme, percevant sa résignation muette, alla chercher une bouteille de gaz et une canule nasale. Avec des gestes presque maternels, elle lui installa le dispositif. Le garçon opposa une résistance chancelante, mais dès l’instant où l’oxygène parvint dans ses poumons, il se détendit ; il n’avait jamais respiré un air aussi pur. Une chaleur agréable irradia dans sa poitrine. Pendant une fraction de seconde, Erwan tenta de se raisonner, de se rappeler qu’il ne s’agissait que d’un mix douteux où le précieux gaz n’occupait qu’une place ridicule, mais ses barrières tombèrent bien vite. Il ferma les yeux.

    Au bout de quelques minutes, il se sentit apaisé, sur le point de s’assoupir. Au moment de sombrer, il perçut une lumière aveuglante derrière ses paupières, plus éblouissante encore que les néons du Portail, et infiniment plus rassurante. Une odeur suave envahit ses narines ; sans l’avoir jamais sentie, Erwan sut qu’il s’agissait du parfum des fleurs.


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  • Incandescence est un recueil regroupant des poèmes écrits depuis mai 2013. Je ne les publierai pas tous, mais en voici un premier extrait ! Bonne soirée...

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