• C comme Chrysalide - La Source

    Je me réveille en sursaut, échappant à un songe sordide,

    Adossée à une montagne, au beau milieu d’une forêt ;

    Une cascade dont les eaux semblent suspendues dans le vide

    Alimentent à côté de moi une source dorée.

     

    La clairière gazouille comme une pierre tombale ;

    C’est un endroit béni par les dieux,

    Où le paisible vent hivernal

    Murmure des chants mélodieux.

     

    Je ne sais pas trop si je suis encore dans un rêve

    Ou si je suis parfaitement réveillée ;

    Afin de découvrir la réalité,

    Je me dirige vers la source à la texture de sève.

     

    Sa surface est comme protégée par une membrane,

    Telle une immense cape de soie diaphane

    Recouvrant ses eaux translucides ;

    Dans les branches des arbres chantent des sylphides…

     

    Pleine de curiosité mais un peu méfiante,

    Je contemple avec béatitude ce paysage de glace ;

    Des bulles de neige gluantes

    Semblent éclater à la surface.

     

    Soudain surgit des profondeurs une sirène.

    Elle a à peu près forme humaine,

    Mais elle a des oreilles d’elfe et des cheveux poisseux ;

    Son visage est terni par des yeux vitreux.

     

    Elle me chuchote d’une voix enchanteresse :

    « Petit être vivant aux talents de poétesse,

    Tu trouveras dans les abysses éternels

    Toute l’inspiration pour assouvir ton appétit spirituel. »

     

    Tel un Ulysse hypnotisé par une étrange créature,

    Je m’immerge dans les eaux somnolentes.

    Je frissonne, le liquide est glacial comme une armure

    D’acier ; la Muse m’encourage, bienveillante.

     

    Mes vêtements me collent à la peau, je suis transie.

    Un horrible engourdissement envahit tout mon être,

    Puis les sensations commencent à disparaître ;

    La Muse m’accompagne comme une amie.

     

    Plus elle m’entraîne, plus je m’enfonce,

    Plus les rimes pénètrent mon esprit,

    Mais l’inspiratrice eau croupie

    Lacère mes poumons comme une branche de ronce.

     

    J’étouffe je n’en peux plus il faut que je ressorte ;

    Je me débats pour me libérer de l’emprise du démon.

    Ça y est, de la surface je distingue enfin la porte,

    L’air pur brûle de nouveau mes poumons.

     

    La morsure de la désillusion déchire mon corps glacé,

    Je m’écroule sur la berge, suffocante et épuisée.

    Je me rends compte que les rimes de mon esprit ont disparu

    Et que la sirène est retournée se cacher dans les algues drues.

     

    Quand je constate que j’ai affronté les pires dangers

    Dans l’unique but d’obtenir ces précieuses rimes

    Et que j’ai échoué, je pousse un cri étranglé

    Puis de l’inconscience je sombre dans l’abîme.


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