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Par Ryuta_Roy le 1 Mai 2013 à 10:37
Le phénix
Je ruisselle de sueur sous le soleil de mercure
Qui écorche le sable rouillé de mon désert ;
A chaque pas je m’enlise un peu plus dans les murmures
Du paradis ; dans ma tête résonne le parfum de l’enfer.
Le vent acide brûle en hurlant mon visage.
Soudain je m’écroule, déchirée par mes hallucinations ;
Je ne veux plus avoir la misère pour unique paysage,
Je ne veux plus avoir mon esprit pour unique compagnon.
Mon instinct qui hurle – Je ne veux pas mourir ici !
Ne suffit plus à faire bouger mes muscles endoloris ;
Mon esprit se joint à eux et susurre – Peut-être que dormir
Serait plus agréable que d’éternellement souffrir…
Je ferme les yeux ; peu à peu le givre
De l’isolement enveloppe mon corps fatigué.
Soudain un oiseau que je n’avais vu que dans les livres
Se pose doucement sur ma poitrine gelée.
Tandis que j’essaie de me rappeler le nom du volatile,
Celui-ci, à coups de bec fébriles,
Commence à briser mon cercueil de glace, pourtant si luisant…
Ah ! C’est un phénix. Je m’en souviens maintenant.
Ses ailes de feu qui resplendissent d’espérance
Ressemblent à un soleil au cœur de la nuit noire.
Ses purificatrices larmes de lumière qui dansent
Devant mes yeux me guérissent du désespoir.
Je me relève péniblement, chancelante,
Hébétée par l’apparition de cet étrange oiseau.
Il époussète ses ailes flamboyantes,
Puis me murmure ces mots :
« Il est temps pour tes nuages orageux
De se consumer sur le bûcher du bonheur.
Je suis sûr que si tu attends un peu,
De ta couronne d’épines éclora la plus belle des fleurs.
« Pas étonnant que tu l’aies tant cherché,
Ce bonheur auquel tu aspires !
En effet, dans sa tanière il court se cacher
Dès que la compagnie des autres tu commences à haïr.
« La sortie du désert est plus proche que tu ne crois.
Regarde, c’est par là !
A droite de cette colline ensablée,
On distingue une oasis azurée. »
L’oiseau de feu s’installe sur mon épaule,
Puis nous partons en direction du bonheur,
Nous éloignant enfin de cette geôle
Aux parois dénuées de couleurs.
Même le soleil ardent qui s’arcboute
Sous la tempête semble me sourire avec sérénité,
Et depuis que j’ai croisé sa route,
Le phénix ne m’a jamais quittée.
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Par Ryuta_Roy le 24 Avril 2013 à 12:36
Ecouter du jazz la nuit…
Ecouter du jazz la nuit
En déambulant dans la ville…
Une avenue bordée de lampadaires, immobiles
Gardiens de l’obscurité aux yeux rougis…
Pas un bruit, pas une voiture qui circule…
On est enveloppé par cette atmosphère,
Cette ambiance si particulière
Qui ne survient qu’au crépuscule.
La flamme fugitive d’un briquet qui éclaire un instant
La devanture d’un magasin aux volets clos,
Comme une toute petite aurore qui éclot
Pour annoncer l’arrivée du printemps.
Ecouter du jazz la nuit,
Une cigarette aux lèvres
Pour calmer la fièvre
De la lune qui s’enfuit…
On s’allonge sur un banc ;
La fumée s’élève vers l’infini
Qui pousse des râles d’agonie
Tout en s’asphyxiant.
Lentement on ferme les yeux
Embués par l’écume douce-amère
De la nostalgie ; le saxo pleure de concert
Avec les souvenirs poussiéreux…
Attendant le réveil du soleil endormi,
Telle une immense maquette de cire,
La ville pousse un long soupir…
Ecouter du jazz la nuit.
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Par Ryuta_Roy le 17 Avril 2013 à 12:26
Le tournesol
Je suis un tournesol aux yeux rivés vers l’éther
J’ai toujours eu envie de voyager
Mais les pétales qui me servaient d’ailes se sont envolés
Dieu sait où, m’abandonnant sur Terre
Je ne pourrai jamais partir dans ce ciel fané
Puisque je suis ancré dans un sol d’argile
Comme une minuscule barque immobile
Dans une mer cruelle et déchaînée
Je mène une vie désespérément plate
Inlassablement, d’un air morose,
Je contemple les ecchymoses
Que m’infligent les coquelicots écarlates
Asséché par le sang que les hommes ne cessent de verser
Je cherche un compagnon qui puisse me venir en aide
Les coquelicots ont beau me frapper pour que je cède
De cette quête il est impossible de me lasser
Car dans mes veines a toujours coulé la sève
De l’espoir ; chaque matin je me tourne vers le soleil
Qui essuie avec tendresse mes larmes vermeilles
Et qui me murmure : « N’abandonne jamais tes rêves. »
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Par Ryuta_Roy le 10 Avril 2013 à 12:46
I
Ce fringant soldat
A qui on a hypocritement dit :
« Tu seras un héros de la patrie. »
Est déjà dévoré par les rats.
Homo homini lupus
Ce tartarin au costume Giorgio Armani,
Riche homme d’affaires de son état,
N’ira pas donner une pièce à ce pauvre gars
Qui dort dans les rues de Paris.
Homo homini lupus
Ce petit enfant africain
Aux côtes saillantes, affamé,
Ne verra pas le jour se lever demain
A cause d’un chef d’Etat borné.
Homo homini lupus
Ce jeune homme a été expulsé de sa maison
Pour la simple et mauvaise raison
Que ses parents n’ont pas supporté l’idée
Que leur propre fils soit par les garçons attiré.
Homo homini lupus
II
Ces deux soldats, censés être ennemis,
Et dont l’ordre est de s’entretuer,
Ont décidé de braver les interdits
Pour montrer la valeur de la fraternité.
Fluctuat nec mergitur
Cette jeune fille au lit de paille
Dormait dans une rue gelée ;
A force de chance et de travail,
Elle entra dans une université.
Fluctuat nec mergitur
Ce brave employé de bureau
Vient de gagner un million au loto,
Et comme ce n’est pas un homme mesquin,
Il va créer une ONG qui lutte contre la faim.
Fluctuat nec mergitur
Cette adolescente remplie à ras bord d’innocence
A été violée par une bête sauvage,
Mais c’est avec insolence
Qu’elle reprend peu à peu courage.
Fluctuat nec mergitur
III
L’Homme est un être complexe et ambigu,
Mais son esprit dans la folie perdu
N’est qu’une armée de neurones laconiques
Qui échangent des informations chimiques.
Homo sum : humani nihil a me alienum puto
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Par Ryuta_Roy le 3 Avril 2013 à 13:25
Je me réveille en sursaut, échappant à un songe sordide,
Adossée à une montagne, au beau milieu d’une forêt ;
Une cascade dont les eaux semblent suspendues dans le vide
Alimentent à côté de moi une source dorée.
La clairière gazouille comme une pierre tombale ;
C’est un endroit béni par les dieux,
Où le paisible vent hivernal
Murmure des chants mélodieux.
Je ne sais pas trop si je suis encore dans un rêve
Ou si je suis parfaitement réveillée ;
Afin de découvrir la réalité,
Je me dirige vers la source à la texture de sève.
Sa surface est comme protégée par une membrane,
Telle une immense cape de soie diaphane
Recouvrant ses eaux translucides ;
Dans les branches des arbres chantent des sylphides…
Pleine de curiosité mais un peu méfiante,
Je contemple avec béatitude ce paysage de glace ;
Des bulles de neige gluantes
Semblent éclater à la surface.
Soudain surgit des profondeurs une sirène.
Elle a à peu près forme humaine,
Mais elle a des oreilles d’elfe et des cheveux poisseux ;
Son visage est terni par des yeux vitreux.
Elle me chuchote d’une voix enchanteresse :
« Petit être vivant aux talents de poétesse,
Tu trouveras dans les abysses éternels
Toute l’inspiration pour assouvir ton appétit spirituel. »
Tel un Ulysse hypnotisé par une étrange créature,
Je m’immerge dans les eaux somnolentes.
Je frissonne, le liquide est glacial comme une armure
D’acier ; la Muse m’encourage, bienveillante.
Mes vêtements me collent à la peau, je suis transie.
Un horrible engourdissement envahit tout mon être,
Puis les sensations commencent à disparaître ;
La Muse m’accompagne comme une amie.
Plus elle m’entraîne, plus je m’enfonce,
Plus les rimes pénètrent mon esprit,
Mais l’inspiratrice eau croupie
Lacère mes poumons comme une branche de ronce.
J’étouffe je n’en peux plus il faut que je ressorte ;
Je me débats pour me libérer de l’emprise du démon.
Ça y est, de la surface je distingue enfin la porte,
L’air pur brûle de nouveau mes poumons.
La morsure de la désillusion déchire mon corps glacé,
Je m’écroule sur la berge, suffocante et épuisée.
Je me rends compte que les rimes de mon esprit ont disparu
Et que la sirène est retournée se cacher dans les algues drues.
Quand je constate que j’ai affronté les pires dangers
Dans l’unique but d’obtenir ces précieuses rimes
Et que j’ai échoué, je pousse un cri étranglé
Puis de l’inconscience je sombre dans l’abîme.
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