• Contre la censure de College Boy d'Indochine

    En cette journée mondiale de la liberté de la presse, je me permets d’exprimer mon point de vue concernant le nouveau clip du groupe français Indochine, intitulé College Boy, sorti le 2 mai 2013, et plus précisément sur le débat concernant sa potentielle censure.

    Avant toute chose, je vous invite à le visionner en consultant le site du Parisien, via ce lien : http://www.leparisien.fr/musique/indochine-le-clip-choc-02-05-2013-2773375.php Petit avertissement : les images peuvent choquer.

     

    Ce clip dénonce le harcèlement à l’école de manière radicale, en mettant en scène des collégiens passant à tabac un de leurs camarades. Leurs brimades commencent par de simples jets de boulettes de papier, puis deviennent de plus en plus violentes : l’enfant est roué de coups puis crucifié en plein milieu de la cour, avant de se faire tirer dessus.

    Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, ou CSA, a aussitôt crié au scandale, dénonçant l’ultra violence de ce clip et préconisant une interdiction aux moins de seize ans, voire moins de dix-huit ans. Je vous renvoie à la charmante vidéo des studios d’Europe 1, via ce lien : http://www.youtube.com/watch?v=375dcGvbNBA où l’on peut entendre Madame Françoise Laborde, présidente du groupe de protection du jeune public, s’insurger contre le clip.

     

    Une simple remarque : certains « artistes » (je mets entre guillemets car cette désignation me fait parfois rire jaune) font dans leurs chansons l’apologie de la violence gratuite, appelant clairement leurs auditeurs à ne pas respecter la loi. Et ne parlons pas de l’image dégradante de la femme qu’ils diffusent (mais ceci est un autre débat). Je pense notamment à certains rappeurs comme Booba, Rohff et d’autres. On peut trouver leurs clips et chansons partout sur la toile, sans que personne ne s’insurge de la violence de leurs propos. Madame Laborde n’y trouve rien à redire.

     

    A l’inverse, lorsque le groupe Indochine prend son courage à deux mains et publie un clip à démarche éducative, qui dénonce le harcèlement voire la brutalisation des adolescents, Madame Laborde crie haro sur le baudet. Ces images vous choquent ? La violence que subit cet enfant vous retourne l’estomac ? C’est le but. La fonction de cette vidéo est d’inciter les gens à se mobiliser contre ce qu’ils endurent. Mettez-vous une chose dans le crâne : ce n’est qu’un extrait. Les victimes souffrent de ce harcèlement tous les jours, pas seulement les six petites minutes que dure cette vidéo.

    En censurant ce clip, vous ne valez pas mieux que ces adultes que l’on voit dans le clip, les yeux bandés. En censurant ce clip, vous rendez service à des centaines de petits voyous qui sont légitimés dans leurs exactions et vous bâillonnez leurs proies.

    Toutefois, j’ai de bons espoirs que le message passe : à l’ère d’internet, censurer un clip sur les chaînes de musique en journée est un acte totalement inutile. Les tortionnaires visionneront un jour ou l’autre cette vidéo et se rendront – peut-être – compte de la stupidité et de la cruauté de leurs actions. Mais ce ne sera pas grâce à vous, Madame Laborde. Ce sera grâce à la voix d’une communauté qui en a assez de se laisser marcher sur les pieds : la communauté des souffre-douleur, dont je fais partie.

    J’ai seize ans et je vis très mal ma « différence » (soyons politiquement corrects) dans mon lycée. Je suis sûr que beaucoup d’autres adolescents sont dans mon cas. Sans aller jusqu’au passage à tabac, aller à l’école est parfois un véritable calvaire. Je me permets donc de pousser ce coup de gueule. Merci de m’avoir lu.


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