• Le ciel tordu, strié de chéloïdes

    S’ouvre comme la gueule d’un volcan

    Crache inlassablement sa bave acide

    Sur les gratte-ciels dressés, suffocants

     

    Les nuages exhalent des fumerolles

    Toxiques ; des processions de taxis

    Rient dans une macabre farandole

    Et peu à peu l’asphalte s’asphyxie

     

    Des baleines volantes vont s’échouer

    Au crépuscule, aveuglées par le masque

    Etoilé des baudroies coiffées de casques

    A pointe et qui font claquer leurs fouets

     

    Dans l’obscurité sans fin des abysses

    La bioluminescence de l’espoir

    Vous couvre de sanglantes cicatrices

    Et précipite l’arrivée du Soir


    votre commentaire
  • Chevalier des Lagunes, ton armure

    Est ternie et ton trône renversé ;

    Les couleurs de ton Tableau sont passées

    Et ton règne s’éteint dans un murmure.

     

    Ta vie est un piano désaccordé,

    Toujours rongé par d’entières cohortes

    D’écrevisses et de cloportes ;

    Une partition raturée, ratée.

     

    Ton beau masque de Katchina se brise ;

    Tes chants sacrés lentement agonisent

    Entre tes lèvres bleuies par le froid,

    Scellées comme les ruines d’un beffroi.

     

    Fêlées, tes hanches fécondes ; rouillées,

    Ces plumes d’argent dont tu étais fier.

    Jadis oracle, te voilà muet ;

    Le désespoir croît en toi tel du lierre.

     

    Enfermés dans l’enfer d’un paradis

    Paralysé, tes puissants cris de rage

    Ressemblent aux cris des tombes dans la nuit :

    Ils sont couverts par le bruit de l’orage.


    votre commentaire
  •  

    Le monde a changé. La vie de bohème

    N’est plus qu’une fantaisie surannée.

    L’on résiste ? la Machine damnée

    Referme aussitôt ses mâchoires blêmes

    Et nous broie, nous change en ombres dociles.

    L’innocence ? Ce n’est plus qu’un fossile

    Misérable, dévoré par les mites.

    La gloire, amère, fane plus vite

    Que les ailes d’un papillon de nuit.

    Le coupable ? Sa Majesté putride

    Dont la couronne d’or et d’acier luit

    Comme un soleil rouge, avare et torride :

    L’Obsolescence programmée, qui règne

    Sans partage. L’Homme cruel, lui, baigne

    Dans le sang noirâtre des opprimés

    Qui meurent dans les quartiers malfamés.

     

    Le monde a changé. Rentrer dans le rang ;

    Choisir entre la bourgeoisie aveugle

    Et culs-terreux, marginaux impuissants.

    Agonisante, la misère beugle

    A pleins poumons ; pourtant le monde est sourd

    Au tintement atroce de ses chaînes.

    La lucidité est un fardeau lourd

    Et encombrant, un poids mort qui ne mène

    Qu’au désespoir meurtri et à la rage ;

    Un démon qui détruit de l’intérieur

    Au lieu de m’aider à tourner la page

    Et à découvrir le monde en couleurs.

    Etrange souhait que de désirer

    Se bander sciemment les yeux pour éteindre

    Ses braises ocres et ne pas entendre geindre

    Le monde suffocant et emmuré !

     

    Les visionnaires et les génies sont morts ;

    Leurs chefs-d’œuvre sont écrits, achevés.

    La foule, peu difficile, dévore

    L’insipide et périssable cuvée

    D’auteurs éphémères ; les Immortels

    Sont des grains de sable dans le désert.

    Pour intégrer ce monde fort cruel,

    La course est rude, les juges sévères.

    Faire face à des requins opportunistes

    Ingrats et pistonnés ? Très peu pour moi !

    J’ai une tendance isolationniste :

    Je n’écris pas pour les autres ; l’émoi

    D’un éditeur lambda m’est égal.

    Point de confident et point de mécène

    Sur ma route couverte de mygales

    Noyée d’écrevisses de porcelaine.


    votre commentaire
  • La lumière coagulée des néons

    Gémit, prisonnière de mes veines

    Telle un squelette putride de l’Achéron

    Englué dans la nuit d’ébène

     

    Les lucioles bleues, avec un rire strident

    Arrachent d’un coup sec mes yeux brûlants

    De leurs crocs acérés et pointus

    Elles aspirent l’obscurité comme des sangsues

     

    Enchaînant les bars et les discothèques cramoisies

    Lassé des litanies assourdissantes

    J’erre comme un fantôme dans la ville oppressante

    Oscillant entre extase et hystérie

     

    Je suis attiré par une mélodie enivrante

    Comme un papillon de nuit hypnotisé

    Par la lune blafarde et étouffante

    Qui finit les ailes carbonisées

     

    Je vagabonde, tel un navire

    Sans capitaine et sans voile

    Guidé par le cauchemar infernal

    D’un jukebox qui soupire…

     

    Et bientôt l’aube, telle une fleur flétrie

    Se lèvera, jaillissant du ciel aveugle et sourd

    Comme un battement de cœur engourdi

    Qui a perdu l’Amour


    votre commentaire
  • Incandescence est un recueil regroupant des poèmes écrits depuis mai 2013. Je ne les publierai pas tous, mais en voici un premier extrait ! Bonne soirée...

    Lire la suite...


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique