•  

    Tandis qu’il courait dans la rue, le jeune homme sentit que ses jambes tremblaient de fatigue ; pour ne rien arranger il avait encore très mal à la tête et son estomac lui rappelait par des gargouillements réguliers qu’il était vide. Maxime décida de passer outre ; à cet instant, seul le basket comptait. Quelques minutes plus tard, il parvint enfin au gymnase où avait lieu le match. Il traversa rapidement le terrain pour rejoindre le vestiaire. Il croisa Lucas qui s’exclama en le voyant : « Ah, Maxime, content de te voir ! On croyait que tu n’allais pas venir ! » Le jeune homme ignora la remarque et demanda : « Où est Thibaut ? » Lucas répondit en haussant les épaules : « Il est en train de discuter avec l’entraîneur des Requins sanglants. Apparemment un de leurs joueurs, le numéro sept je crois, a été gravement blessé hier soir dans un accident de moto, en rentrant de sa demi-finale ; il a été hospitalisé. Ils ont été obligés de trouver un remplaçant. »

     

    Maxime grinça des dents : « Pas cool pour eux. J’espère qu’il s’en sortira. » Lucas hocha la tête en signe d’approbation, puis désigna du regard son sac : « Tu ferais mieux de te grouiller et de te changer. On est quasiment tous prêts. Le match commence dans moins de dix minutes. » Le jeune homme acquiesça et enfila précipitamment son T-shirt et son short ; il tentait d’ignorer le fait que sa tête lui tournait comme s’il était enfermé dans une machine à laver. Pourtant, il eut l’impression que même avec une jambe en moins il jouerait encore. Thibaut vint le trouver alors qu’il achevait de se préparer :

     

    -    Merci d’être venu, Maxime. A un moment j’ai bien cru que tu allais nous faire faux bond.

     

    -    Désolé pour cette petite frayeur. J’ai… passé une mauvaise nuit. (Il préférait ne pas en dire plus.)

     

    -    Ça se voit : tu es tout pâle. Tu es sûr que ça va ? demanda le vieux coach en posant une main sur son épaule, l’air inquiet. 

     

    -    Oui, oui, mentit le jeune homme tandis qu’il sentait une douleur lancinante écraser sa poitrine. Je vais faire gagner les Loups bleus, je vous le promets.

     

    -    Je ne doute pas de toi, répondit Thibaut en souriant. Allez, va rejoindre les autres: le match va commencer !

     

    Maxime esquissa un petit sourire et se dirigea vers le terrain. Les gradins étaient encore plus pleins que la veille ; son estomac, déjà mis à rude épreuve, se serra en entendant l’assistance acclamer les deux équipes. Il avait vraiment du mal à supporter cet aspect des matchs : contrairement à certains joueurs qui se sentaient boostés par la foule, il était angoissé à l’idée de jouer en public. Le jeune homme salua néanmoins les spectateurs – il devait assumer son rôle de capitaine des Loups bleus – puis se plaça en ligne avec ses coéquipiers, face à ses adversaires. Il commença à les jauger du regard ; tous semblaient particulièrement tendus, sauf un : le numéro sept.

     

    Maxime fronça les sourcils : il s’agissait du remplaçant. Comment pouvait-il être plus confiant que ceux de l’équipe permanente ? Il se rendit compte que lui aussi observait un à un ses joueurs. Soudain, leurs regards se croisèrent ; un frisson dérangeant lui parcourut le dos. Le numéro sept eut un sourire carnassier. Le jeune homme baissa soudain la tête, submergé par une peur indicible ; ses mains commençaient à le démanger étrangement et son cœur battait à tout rompre alors que le match n’avait pas encore débuté. Un coup de sifflet vint le surprendre dans son état de panique ; le ballon venait d’être lancé en l’air.

     

    Un Requin sanglant se jeta dessus et se mit à courir en direction du panier. Lucas se précipita à sa poursuite, avec d’autres Loups bleus. Pour Maxime, c’était comme si le temps s’était arrêté : il restait cloué sur place, paralysé ; ses mains le brûlaient comme s’il les avait posées sur une plaque chauffante. Face à lui, le Requin sanglant numéro sept, immobile lui aussi. Il sourit de nouveau, dévoilant des dents semblables à des crocs, et déclara : « Il m’a demandé de t’éliminer avant que la Perle et ses Gardiens ne viennent te trouver. »

     

    Maxime ne pouvait pas bouger un muscle, mais son esprit carburait. Mais de quoi parlait-il ? Et pourquoi le public ne remarquait-il rien ? Le numéro sept avança vers lui lentement, comme un prédateur sûr d’abattre sa proie. Soudain, alors que le Requin sanglant n’était plus qu’à un mètre de lui, Maxime poussa un hurlement : ses paumes s’étaient mises à saigner abondamment comme s’il y avait planté un couteau. Affolé et pleurant de douleur, le jeune homme jeta un coup d’œil affolé aux gradins : personne ne s’était aperçu de ce qui se passait. Tous semblaient passionnés par le match qui se déroulait et faisaient comme si les deux joueurs étaient invisibles. Personne ne pouvait l’aider : il était tout seul face à ce fou furieux.

     

    Le visage et la peau du Requin sanglant numéro sept s’étaient curieusement couverts d’écailles verdâtres et bleues pendant ce court laps de temps ; le joueur – ou plutôt l’usurpateur – s’était immobilisé en découvrant les plaies sanguinolentes de Maxime. Il finit par dire d’une voix caverneuse : « Le seigneur Dragon ne s’était pas trompé. Un Gardien t’a déjà contacté. Heureusement, je vais en finir avec toi tout de suite. » A la souffrance de Maxime se joignit bientôt le désespoir : il allait se faire terrasser par ce dégénéré et ce, dans l’indifférence générale – sans qu’il comprenne pourquoi.

     

    Le jeune homme ferma les yeux, se demandant s’il était encore plongé dans une de ces hallucinations qu’il avait endurées quelques heures plus tôt ; peut-être allait-il émerger de ce cauchemar, se réveiller dans son lit, mort de peur mais toujours en vie… Il le fallait. Il était tout simplement impossible que de tels évènements se produisent !

     

    Mais au moment où Maxime réussissait à se persuader qu’il était en train de rêver, une silhouette surgit du vestiaire et s’interposa entre les deux joueurs. Le jeune homme rouvrit les yeux, interloqué, et reconnut la passante à la mèche bleue qu’il avait croisée dans la rue la veille au soir. Celle-ci, sans même lui adresser un regard, sortit en un éclair de son sac une immense épée effilée et écarlate et, d’un mouvement fulgurant, décapita le Requin sanglant au visage squameux. Le cadavre de celui-ci se transforma en une sorte de bouillie aigue-marine qui s’évapora en un instant comme par enchantement. Le tout n’avait pas duré plus de trois secondes. La jeune fille entraîna aussitôt Maxime par le bras et sortit du gymnase en un instant. Le match se poursuivait, comme si le gymnase tout entier était enfermé dans une illusion.

     

    Ils se mirent à courir dans la rue déserte. Aucun des deux n’avait prononcé un mot depuis l’extraordinaire exécution du Requin sanglant numéro sept. Finalement, alors qu’ils étaient déjà bien éloignés, la passante aux yeux bleus s’arrêta dans sa course et déclara en jetant un coup d’œil aux mains de Maxime : « Je suppose qu’elles se sont arrêtées de saigner ? » Le jeune homme hocha la tête. Il était encore sonné par ce qui venait de se passer. Elle reprit : « Je suis Rachel. Je suis désolée d’être arrivée si tard, mais il nous fallait attendre que le processus de transfert soit achevé. » Maxime ignora ce que la jeune fille venait de dire et demanda d’une voix tremblante, le cœur battant : « Qu’est-ce que c’était ? Qu’est-ce qui m’arrive… ? »

     

    Les larmes sur ses joues avaient séché, mais il sentit qu’elles étaient sur le point de couler à nouveau. Soudain, Rachel ferma les yeux et une Voix, grave et mélodieuse, résonna dans sa tête : « Maxime, nous n’avons pas le temps de tout t’expliquer maintenant. Après avoir rejoint notre repaire, situé près d’ici, nous répondrons à toutes tes questions. » Maxime, éberlué, voulut questionner Rachel à propose de la Voix qu’il venait d’entendre, mais il n’en eut pas le temps : ils se remirent à courir. Tandis qu’ils se dirigeaient, haletants, vers un lieu inconnu, la Voix retentit de nouveau dans son cerveau en ébullition : « Plus qu’un Gardien à trouver et nous pourrons enfin aller à Terra Alba»

     

    Puis ce fut le silence ; le seul son qui parvenait aux oreilles de Maxime était le bruit de leurs respirations saccadées et celui de son cœur battant à ses tempes.

     


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    Il était tellement angoissé qu’il se tordait les mains d’appréhension. Même s’il avait fermement annoncé à Thibaut qu’il arrêtait le basket, Maxime savait qu’au fond de lui-même il ne s’en remettrait jamais s’il abandonnait sa passion. De nouveau il sentit les larmes lui monter aux yeux, mais au dernier moment il les empêcha de couler tout de suite car quelqu’un dans la rue arrivait de la direction opposée. Il baissa la tête pour ne pas montrer à quel point son visage était marqué par l’angoisse, mais il ne put s’empêcher d’observer du coin de l’œil la passante pendant qu’il la dépassait. C’était une jeune fille sublime, avec des yeux d’un bleu cobalt extraordinaire et une mèche de cheveux teintée de la même couleur. Elle portait un étrange sac à dos tout en longueur qui semblait plutôt léger ; peut-être s’agissait-il d’un instrument de musique, comme une flûte ou une clarinette…

     

    Soudain, quand bien même le jeune homme avait la tête baissée, leurs regards se croisèrent. Maxime voulut détourner les yeux, mais la passante le dévisageait avec une telle intensité que cela lui fut impossible. Une sorte de courant électrique passa entre eux durant cet instant, quelque chose que Maxime n’avait jamais ressenti auparavant. Finalement la jeune fille se détourna et continua son chemin, tandis que Maxime s’arrêtait quelques secondes, ébranlé par cette étrange rencontre. Il se remit à marcher mais il n’était plus dans son état normal : il avait l’impression qu’un joueur de tambour s’amusait à frapper des cymbales contre les parois de son crâne et il était pris de nausées.

     

    Quand il arriva enfin sur le seuil de son appartement, il ne s’était jamais senti aussi mal. Sa mère, furibonde, vint lui ouvrir en hurlant : « Mais où étais-tu donc passé ? Tu avais promis de rentrer dès la fin du match, mais je t’attends depuis trois quarts d’heure, maintenant ! Ah, vivement que tu arrêtes ces idioties, je commence à en avoir vraiment plus qu’assez ! » Maxime, malgré sa migraine, fut piqué au vif par ces paroles et rétorqua : « Même si tu n’apprécies pas ces ‘idioties’, comme tu dis, tu pourrais au moins t’intéresser à ce que ton fils fait ! Tu ne me demandes même pas si j’ai gagné le match… Eh bien pour ton information oui, et j’ai encore la finale à disputer demain ! »

     

    A peine eut-il terminé sa phrase que sa génitrice le gifla violemment. « Depuis quand tu me parles sur ce ton ? Ce doit être cet énergumène de coach que tu adules comme un imbécile qui te montre le mauvais exemple ! » Le jeune homme, choqué qu’elle aille jusqu’à insulter Thibaut, voulut répliquer, mais ses jambes le lâchèrent soudain et il perdit connaissance si brutalement que même sa mère sursauta de surprise.

     

    Quand il se réveilla, Maxime se trouvait dans son lit, seul dans sa minuscule chambre. Il avait encore très mal à la tête, mais il se rendit compte que plusieurs heures s’étaient écoulées depuis qu’il s’était évanoui : il était plus de dix-neuf heures. Le jeune homme constata que son estomac criait famine, mais il n’osa pas tout de suite se lever de peur de perdre conscience à nouveau. Pourtant, il allait bien falloir qu’il se restaure… Il attendit encore quelques minutes, puis se décida à quitter son lit ; mais ses jambes le trahirent aussitôt et il s’écroula sur le parquet dans un bruit sourd.

     

    Maxime gémit de douleur en sentant un os craquer et espéra qu’il n’avait rien de fêlé. Sa mère accourut et, le voyant étendu en travers de la chambre, s’écria : « Mon Dieu, mais pourquoi t’es-tu levé ? Tu vois bien que tu es encore souffrant ! » Tandis qu’elle l’aidait à se rallonger, le jeune homme parvint à articuler d’une voix rauque : « Est-ce que tu pourrais m’apporter à manger, s’il te plaît ? Je meurs de faim. »

     

    Sa mère pencha la tête de côté comme un oiseau et répondit avec une pointe d’hésitation : « Je ne sais pas si c’est une bonne idée… Je dis ça parce que tu as repris connaissance quelques minutes après t’être évanoui et tu as vomi tout ce qui te restait dans le ventre ! Tu es retombé dans les vapes quelques secondes plus tard. Est-ce que tu as encore des nausées ? » Maxime lui assura qu’elles n’avaient rien à voir avec tout à l’heure ; sa mère accepta donc de lui apporter quelque chose pour calmer sa faim.

     

    Le jeune homme se réjouit de pouvoir manger, mais quand il se retrouva face à la nourriture, il sentit un haut-le-cœur horrible lui soulever la poitrine. Il choisit de l’ignorer, car il s’agissait de ses petits gâteaux préférés ; il en fourra un dans sa bouche et le mordit à pleines dents. Mais au lieu de sentir le doux goût sucré de la pâtisserie, il eut l’impression de manger un rat mort. Il en eut les larmes aux yeux tellement c’était mauvais et recracha involontairement la bouchée qu’il était en train d’avaler ; quant à celle qui était déjà loin dans son œsophage, il la vomit violemment. Sa mère poussa un hurlement tandis qu’il régurgitait ; son regard trahissait son horreur et son incompréhension. Quand il en eut fini, Maxime sombra brutalement dans l’inconscience.

     

    Le jeune homme passa les heures suivantes dans une sorte de sommeil agité de cauchemars terrifiants ; son demi-coma était peuplé de monstres couverts d’écailles et de rires machiavéliques qui semblaient sortis tout droit d’un film d’horreur. Quand il émergeait, il restait plongé dans une abominable hallucination : les murs fondaient comme s’ils étaient aspergés d’acide et la chambre avait l’apparence d’un cachot grouillant de cafards, rampant dans les moindres recoins. Pour couronner le tout, une effroyable odeur de chair brûlée envahissait l’air.

     

    Son délire dura seulement une petite quinzaine d’heures, mais quand Maxime réussit à s’échapper de ses visions, il eut l’impression qu’il avait passé une éternité en enfer. Le jeune homme se rendit compte qu’il était en sueur et encore plus affamé qu’avant ; il parvint à se lever au prix d’un effort extrême. Sa mère semblait avoir choisi de le laisser dormir sans vraiment se soucier de lui, car en se dirigeant vers la salle de bains il entendit des bruits de casserole dans la cuisine. Maxime eut une pensée désagréable pour elle : bien qu’elle fût sa génitrice, elle ne semblait pas plus que ça s’être inquiétée de son état ! Elle aurait pu au moins appeler un médecin ! Il soupira, dépité, puis jeta un coup d’œil à l’horloge au-dessus du lavabo. Neuf heures trente-trois.

     

    L’information mit un peu de temps à parvenir à son cerveau, mais soudain il se rendit à l’évidence : la finale contre les Requins sanglants allait commencer dans moins d’une demi-heure ! Maxime resta tétanisé quelques secondes, à la fois indécis et paniqué : lui qui avait promis à Thibaut qu’il ne lâcherait pas son équipe pour la finale, le voilà qui était mal parti pour tenir sa promesse ! Mais peut-être valait-il mieux qu’il s’abstienne… C’était complètement insensé de vouloir jouer alors qu’il mourait de faim et qu’il avait à peine dormi ! Il n’était pas en état de faire quoi que ce soit. Pourtant il prit sa décision quasi instantanément : c’était sans doute le dernier match de basket qu’il disputerait avant de quitter le lycée, il ne pouvait pas laisser tomber son équipe comme ça !

     

    Il fonça dans sa chambre et fourra dans un sac son immense T-shirt de basket, celui-là même qu’il portait depuis ses débuts dans les Loups bleus – il ne l’avait jamais remplacé. La sacoche sur l’épaule, Maxime passa en trombe dans la cuisine pour prendre une bouteille d’eau, sous les yeux de sa mère effarée, qui s’exclama : « Eh, tu vas où comme ça ? Je croyais que tu devais te reposer ! » Le jeune homme répliqua sans même la regarder : « Je vais à la finale de la Coupe inter-établissement. » Sa mère tenta de le rattraper, mais il était déjà parti.

     

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    Suite et fin le samedi 8 décembre !


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    Comme l’avait dit Thibaut, ils arrivèrent à son appartement à peine trois minutes plus tard. Quand ils entrèrent, le vieux coach s’exclama aussitôt : « Va vite te réchauffer ! Avec toute cette sueur, tu vas attraper froid ! Tu te rappelles où est la salle de bains ? » Maxime hocha la tête silencieusement et se dirigea vers la pièce au fond du couloir. Pendant ce temps, Thibaut sortit une bouteille de soda du réfrigérateur et installa deux verres dans le salon. Maxime reparut environ dix minutes plus tard, l’air un peu plus en forme. Il murmura : « Merci encore, Monsieur… » Mais Thibaut le coupa : « Puisque je te dis que c’est rien ! » Ils s’assirent tous les deux dans les fauteuils aux ressorts fatigués du salon, puis le silence retomba.

     

    Maxime était très élancé, avec des cheveux d’un blond sale, toujours en bataille ; son visage était éclairé par des yeux d’un brun profond, presque noir, qui révélaient rarement ses émotions. Il était d’un tempérament plutôt discret, et son seul véritable intérêt semblait résider dans le basket ; ce n’était qu’au moment où il s’emparait du ballon qu’un sourire sincère étirait ses lèvres. Son père était parti Dieu sait où quand il était encore un nourrisson ; il vivait donc seul avec sa mère depuis son plus jeune âge.

     

    Thibaut était en quelque sorte devenu le père qu’il n’avait jamais vraiment connu. Le vieux coach considérait quant à lui le jeune homme comme son propre fils. Il avait perdu sa femme très tôt et n’avait pas eu d’enfant. Même si de loin il semblait toujours de bonne humeur, ceux qui le connaissaient bien savaient reconnaître dans son regard une pointe de mélancolie. Entraîner les Loups Bleus était le seul rayon de soleil de sa vie.

     

    Ils n’avaient rien d’autre au monde que le basket qui comptait vraiment pour eux, et ils s’y accrochaient comme deux nageurs à une bouée au milieu d’une tempête. Si Maxime quittait son équipe, ils en souffriraient horriblement tous les deux. Thibaut finit par proposer :

     

    -    Peut-être que si tu lui montrais une vidéo du match d’aujourd’hui, ta mère comprendrait à quel point ce serait une mauvaise décision d’arrêter maintenant ! Ce panier à la toute dernière seconde, c’était vraiment magnifique !

     

    -    Elle ne veut même en entendre parler, soupira Maxime en sirotant son soda. Pour elle, une carrière dans le basket ne m’assurera pas un salaire régulier, sans compter que je devrai prendre ma retraite sportive relativement tôt par rapport à un métier de fonctionnaire ou autre…

     

    -    Ce n’est pas un argument valable ! Tu as du talent et je suis sûr que si tu passes en pro, tu pourrais intégrer une équipe de renommée nationale ou même internationale ! Là il ne serait même plus question de salaire : tu serais riche comme Crésus !

     

    -    N’en faites pas trop quand même… rougit Maxime.

     

    -    Mais si, je t’assure ! Ecoute, tu as encore un peu de temps pour la convaincre, n’est-ce pas ? Tu en es où, pour ton orientation post-bac ?

     

    -    Puisque je vous dis qu’elle est têtue comme une mule ! Concernant mon orientation, personnellement je n’ai rien fait, mais ma mère a déjà envoyé des lettres à pas mal d’écoles et de prépas… Je suis sûre qu’elle ne se préoccupe même pas de mes goûts !

     

    -    Hum… marmonna Thibaut en se grattant la barbe d’un air indécis. Je pourrais peut-être t’accompagner pour faire valoir mes arguments… Elle écoutera sans doute ton entraîneur !

     

    A ces mots, Maxime éclata de rire. Il réussit à articuler, le souffle court : « J’aimerais bien voir ça, tiens ! » Puis il se reprit et il afficha de nouveau un air soucieux. Il ajouta : « Sans blague, même à nous deux nous aurions du mal à la convaincre de changer d’avis. Elle a une volonté inébranlable, et quand elle a une idée en tête c’est fini : impossible de revenir en arrière. La seule solution consisterait à continuer le basket tout en allant à la prépa, mais c’est physiquement inenvisageable : se maintenir dans le sport de haut niveau tout en ayant de bonnes notes dans une école prestigieuse relève du miracle… »

     

    Faire ce constat était plutôt douloureux. Thibaut demanda : « Et tes professeurs ? Ils en pensent quoi ? » Maxime balaya la question de la main ; il semblait encore plus bouleversé qu’auparavant. Il se leva soudain et déclara d’un air sombre : « Il se fait tard, je devrais rentrer. Vraiment merci pour m’avoir laissé me reposer ici. Ne vous en faites pas, je ne vous lâcherai pas pour la finale, hein… Je vais essayer encore une fois de persuader ma mère de continuer le basket, mais je vous préviens, ça risque d’être une nouvelle tentative infructueuse… » Thibaut le regarda d’un air surpris, mais le laissa sortir. Il déclara : « Fais de ton mieux, et surtout ménage-toi pour la finale de demain ! Prends soin de toi ! » Maxime hocha la tête de nouveau, mais il ne l’écoutait déjà plus. Il disparut dans l’ascenseur.

     

    L’appartement dans lequel il vivait avec sa mère se situait à deux pâtés de maison de celui de Thibaut. Le trajet était donc largement faisable à pied, mais Maxime avait déjà dans les jambes un match épuisant de quarante minutes, et il n’avait pas vraiment eu le temps de se reposer chez le vieux coach. Il décida donc de prendre son temps pour rentrer chez lui, histoire de ne pas se blesser bêtement avant la finale. Tout en marchant, il se demandait comment il allait bien pouvoir expliquer son retard à sa mère ; il aurait dû revenir une grosse demi-heure plus tôt.

     

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    La suite le samedi 1er décembre !


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  • Déjà le troisième chapitre de La naissance des Gardiens... Eh oui.

    J'ai écrit cette nouvelle en août 2012. Je n'ai pas eu de difficulté particulière à l'écrire, mais je dois avouer que j'ai hâte de me consacrer à autre chose. Plus qu'un chapitre à rédiger !

    Elle sera divisée en quatre parties, comme la précédente. 

    J'espère que cela vous plaira ! Enjoy~ =)

    Lire la suite...


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