• Eh voilà, c'est la fin de l'aventure de nos quatre Gardiens (pour l'instant).

    Dès la semaine prochaine, une nouvelle traitant d'un sujet complètement différent~

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    Mais le dénommé Guillaume ne lui laissa pas le temps de reprendre ses esprits ; il continua, sans doute encouragé par la réaction d’Elisabeth : « Je vais vous apporter une preuve supplémentaire à ce que j’avance. Veuillez observer très attentivement ma main. » Il tira un couteau de sa poche et, sans un mot, s’entailla la paume. Malgré sa phobie de l’hémoglobine, la vieille femme contempla en silence le sang qui affleurait à la surface de sa peau. Quelques secondes s’écoulèrent, puis tout à coup, sous les yeux effarés d’Elisabeth, la plaie se referma d’elle-même ; le sang reflua vers l’intérieur de la main du jeune homme, qui reprit son aspect initial. Il était tout à fait impossible de voir la moindre cicatrice sur sa paume. Guillaume poussa un long soupir ; cette action surnaturelle semblait l’avoir totalement épuisé.

     

    Elisabeth planta son regard dans celui de Rachel. Elle resta un moment silencieuse, puis finit par marmonner : « Que me voulez-vous ? » La jeune fille eut un petit sourire et répondit : « Vous vous doutez bien que nous ne sommes pas venus pour conter fleurette. Voici le cœur de notre problème : la Perle, c’est-à-dire la voix qui a parlé dans votre tête il y a quelques instants, possède un pouvoir qui dépasse votre imagination, ainsi que la nôtre. A l’heure actuelle, nous sommes tous les trois pourchassés par une créature malfaisante qui cherche à s’emparer de la Perle. Ce monstre n’est ni plus ni moins qu’un Seigneur Dragon, qui se fait appeler Heijeyka. » Maxime, qui n’avait pas ouvert la bouche depuis le début, prit la parole : « La Perle ne peut rien accomplir par elle-même ; elle a besoin de Réceptacles pour catalyser son énergie. »

     

    La vieille femme l’interrompit : « Laissez-moi deviner : elle a besoin d’un quatrième Gardien : moi ! » Elle partit d’un éclat de rire tonitruant. « Je dois dire que votre petite farce était extraordinairement bien mise en scène, j’y ai presque cru. Mais les plus courtes sont les meilleurs, comme on dit. Je pense que vous avez dû fumer un joint de trop, les jeunes ! » Rachel plissa les yeux, l’air contrarié. « Moi qui étais persuadée que vous étiez prête à tout pour quitter cette maison de retraite… non, pardonnez-moi, cet ‘‘asile de fous’’ comme vous dites. » Prise au dépourvu, Elisabeth répliqua : « Je préfère encore rester ici plutôt que de vous suivre ! Vous êtes complètement fous à lier ! »

     

    Rachel se leva, soudain menaçante. Elle ouvrit très calmement le sac qu’elle portait et en sortit, à la stupéfaction de la vieille femme, un immense sabre écarlate. La jeune fille le pointa en direction d’Elisabeth et demanda : « Savez-vous de quoi il s’agit ? » Elle fit non de la tête, paniquée ; à la vue de l’arme effilée, l’envie de railler ces étranges individus lui avait brusquement passé. « J’ai été la deuxième à être appelée par la Perle. Lorsqu’elle a pris le contrôle de mon corps pour que je devienne un des quatre Gardiens, j’ai été obligée d’abattre de mes propres mains celui que j’aimais. Je ne maîtrisais pas mes mouvements, et je l’ai vu mourir sous mes yeux. Ce que vous voyez-là, c’est tout ce qui reste de lui. Vous pouvez me croire ou non, mais sachez que si par votre faute, la mort de Hugo devient vaine, je ne le vous pardonnerai pas. »

     

    Maxime posa la main sur l’épaule de Rachel, qui parut se rasséréner. Il la força à s’assoir et à ranger son sabre, puis regarda Elisabeth droit dans les yeux. Il déclara : « La Perle a besoin d’un quatrième et dernier Gardien, dont la mission sera d’intercepter les liaisons télépathiques qu’entretient Heijeyka avec ses sbires, les Ecailles. Il s’agit d’humains qui ont fusionné avec une partie du pouvoir du Seigneur Dragon ; ils se fondent dans la nature et il est impossible de les distinguer des humains normaux sans mon pouvoir. Ils sont extrêmement féroces. Nous en avons affronté plusieurs avec Rachel et Guillaume, et plus d’une fois nous avons échappé à la mort de justesse. Il est capital pour nous de savoir où et quand ils frapperont, pour la survie de notre équipée. » Il prit les mains de la vieille femme entre les siennes et acheva dans un souffle : « Nous avons besoin que vous deveniez nos oreilles, Elisabeth. »

     

    Elle resta sans voix à la suite de cette longue tirade. Elle murmura après un interminable silence : « Mais… mais pourquoi moi ? Je suis une vieille dame fatiguée, je n’ai plus l’âge pour ce genre d’aventures… » Maxime l’interrompit doucement : « Nous comptons nous rendre à Terra Alba, en Sibérie, où réside Heijeyka, afin de l’éliminer une bonne fois pour toutes. Nous pourrions bien sûr nous y rendre en train, mais il existe un raccourci, sous terre. Il s’agit de ce qu’on appelle le Lung-Mei ; pour faire simple, je dirais que c’est une sorte de chemin énergétique, qui relie plusieurs lieux sacrés. C’est un des moyens de déplacement des Seigneurs Dragons. » Il esquissa un faible sourire : « Une des portes qui mènent au Lung-Mei se situe dans le parc de cette maison de retraite, à quelques dizaines de mètres d’ici. »

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    Suite et fin la semaine prochaine !


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    Une fois arrivée dans sa chambre, la vieille femme s’effondra sur son lit, en proie à un désarroi grandissant. Cette affaire de journalistes l’avait décidément convaincue de la stupidité des habitants de la maison de retraite. Il fallait à tout prix qu’elle s’échappe de cet asile de fous. Elle commença à réfléchir à toute vitesse : la dernière fois qu’elle avait essayé de partir en catimini remontait à cinq semaines. Seulement voilà, il était évident que cela serait moins facile. Elle avait été transférée dans une chambre située au quatrième étage ; impossible donc de sortir par la fenêtre comme elle l’avait déjà fait. Quant à traverser la clôture du parc, cela était exclu également, puisqu’à présent les grillages étaient en fer forgé, dont la résistance était à toute épreuve. Mais alors, comment ?

     

    Elisabeth consulta rapidement l’horloge murale qui pendait tristement au mur : dix heures moins vingt. Elle avait encore du temps pour élaborer une stratégie digne de ce nom. Soudain, alors qu’elle commençait à tester la résistance du drap afin d’en faire une corde pour descendre en rappel par la fenêtre, une infirmière qu’elle ne connaissait pas – une nouvelle recrue sans doute – fit irruption dans la pièce, un immense sourire illuminant son visage. La vieille femme lâcha précipitamment le tissu et demanda, le cœur battant à tout rompre :

     

    -    Que se passe-t-il ?

     

    -    Madame Durand, l’hôtesse de l’accueil vient de m’informer que trois jeunes gens souhaitent vous rendre visite ! Ils ont l’air adorable… Je vous envie d’avoir des petits-enfants aussi prévenants !

     

    Tétanisée, Elisabeth ne répondit rien. Trois jeunes gens ? Petits-enfants ? Cette infirmière semblait ne pas être très au fait de sa situation familiale. Elle n’avait pas de petits-enfants. Du moins, pas encore – la peste qui accaparait son fils lui pondrait sans doute bientôt quelques enfants pour l’obliger à l’épouser. Mais une question demeurait : qui étaient donc ces ‘‘trois jeunes gens’’ qui disaient vouloir lui rendre visite ? Elle n’avait absolument aucune idée de leur identité. D’autant plus que personne n’avait demandé à la voir depuis des lustres.

     

    Néanmoins, elle s’exclama d’un air faussement ravi : « Oh, mais voilà qui est fantastique ! Cela faisait longtemps que je ne les avais pas vus. Où sont-ils ? » Ces paroles n’étaient destinées qu’à duper l’infirmière ; cela lui permettrait peut-être de faire diversion. L’infirmière répondit, toujours rayonnante : « Ils vous attendent dans le parc. » Elisabeth la remercia puis descendit les marches quatre à quatre pour sortir du bâtiment. Comme l’avait dit la jeune femme, trois adolescents semblaient patienter tranquillement sur un banc au milieu du jardin.

     

    Leur apparence et leur attitude la mit tout de suite en garde. Ils ne sont pas normaux, songea-t-elle aussitôt en elle-même en scrutant leurs visages blêmes. Il y avait deux garçons et une fille : le premier avait les épaules voûtées et les yeux hagards comme s’il venait d’apercevoir le diable ; le deuxième, plus grand, avait les mains couvertes de bandages ensanglantés. Quant à la fille, elle portait dans le dos une sorte de sac qui, à en juger par sa forme longiligne, devait contenir une flûte ou un instrument du même type. Sa chevelure noire était éclairée par une mèche bleue du plus bel effet ; son regard exprimait une amertume extraordinaire.

     

    Mais qui sont ces trois hurluberlus ? se demanda la vieille femme en fronçant les sourcils. Le premier garçon, la voyant approcher, se leva et tendit une main hésitante : « Bonjour, chère Elisabeth ! Nous sommes heureux de pouvoir enfin vous rencontrer. » Elle s’arrêta. « Qui êtes-vous ? Comment pouvez-vous connaître mon nom ? » La jeune fille se leva à son tour et déclara : « Ne vous inquiétez pas, Elisabeth. Nous ne vous voulons aucun mal. Laissez-nous simplement vous expliquer ce qui nous amène ici, s’il vous plaît. »

     

    Des questions toujours plus nombreuses venaient se bousculer sur les lèvres de la vieille femme, mais elle choisit de laisser parler les étranges jeunes gens qu’elle venait de rencontrer. Elle s’assit sur le banc à côté d’eux : « Je suis toute ouïe. » Le premier garçon ferma les yeux et inspira un grand coup, puis il commença : « Surtout, ne m’interrompez pas, même si ce que je vais vous raconter vous paraît complètement aberrant. C’est extrêmement difficile pour nous tous d’en parler, donc je vous demanderai d’être attentive. »

     

    Elisabeth fit un léger signe de la tête pour l’inviter à parler. Quel que soit le sujet qu’il doit aborder, ce sera moins ennuyeux que ma vie dans cette maudite maison de retraite, pensa-t-elle. Il eut un sourire nerveux, et reprit : « Je m’appelle Guillaume, et voilà Rachel et Maxime. Jusqu’à un mois, nous ne nous étions jamais rencontrés. J’ai été le premier à… » Il s’interrompit, le souffle court ; la fille dénommée Rachel lui tapota l’épaule pour l’encourager. Il continua après un moment : « Je ne vais pas y aller par quatre chemins : nous avons été appelés par une entité, la Perle, qui nous a confié à chacun trois pouvoirs distincts. »

     

    Devant l’incrédulité d’Elisabeth, il s’empressa d’ajouter : « Elle est avec nous en ce moment, mais pas physiquement. Elle peut communiquer avec nous par la pensée. » Il la prit soudain par la main ; après quelques secondes, une voix résonna dans la tête de la vieille femme, qui sursauta : « Bonjour Elisabeth. Veuillez pardonner la brutalité de mes trois envoyés, mais ils ne sont pas encore bien habitués à ma présence. » Cette fois-ci, elle ne put s’empêcher de pousser un faible ‘‘oh !’’ de stupeur. Cela ne ressemblait ni à un tour de magie, ni même à une hallucination ; la voix était bien trop réelle…

     


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  • Eh oui, déjà le quatrième et dernier chapitre de la naissance des Gardiens... Vous constaterez que cette dernière nouvelle sera différente des autres, tant par son personnage principal que par son dénouement (qui arrivera bientôt, rassurez-vous). Je compte la publier en trois ou quatre parties, je verrai. Je l'ai écrite vers décembre 2012.

    Après ce cycle de la naissance des Gardiens viendront d'autres nouvelles qui seront ancrées dans un univers très différent. Mais pour l'heure place à notre protagoniste pas comme les autres~

    Enjoy!

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