• Martian Rhapsody - Cinquième partie [FIN]

    Eh voilà, c'est la fin de Martian Rhapsody... J'espère que ça vous a plu! Pour ceux qui s'inquièteraient, je suis en train de rédiger quelque chose de beaucoup, beaucoup plus long qui prend pour fondement cette "nouvelle"... A suivre, donc!

    Sinon, à partir de la semaine prochaine, je publierai un "spin-off" de Martian Rhapsody qui se déroule sur Terre à la même période. A bientôt!

    Mlle Myosotis

    Zaphrön resta un moment interdit. Mais de quoi parlait-elle… ? Il finit par articuler, le cœur battant : « Vous feriez mieux de m’expliquer ce qui se passe, Sorælia. En quoi ce pendentif est-il important ? Quels sont vos liens avec Jøshlan Azabachë ? Expliquez-moi tout. » La jeune fille ne souffla mot pendant quelques secondes, les yeux fixés sur la perle opalescente, puis planta son regard dans le sien. Elle déclara, faisant attention à détacher chaque mot comme pour mieux faire apparaître leur sens : « Quand je vous ai dit que j’étais la fille de Lord Jøshlan Narpható Azabachë, cela n’était vrai qu’à demi. En réalité, je suis le fruit de ses expériences de mécatronique, bien qu’elles aient été interdites par les bioéthiques terrienne et aréenne respectivement en 2054 et 2103. » Elle illustra ses propos en enlevant le gant noir de sa main gauche, dévoilant un extraordinaire enchevêtrement de pièces métalliques et de puces électroniques. Atterré, Zaphrön eut à peine la force de balbutier : « Un… androïde… »

    Sorælia acquiesça lentement. « Exact. Je bénéficie d’un corps résistant à la plupart des chocs et je n’ai pas besoin de masque à oxygène comme vous. En outre, j’ai été munie d’une intelligence artificielle rivalisant avec l’IA centrale ; cela me permet de faire face à de nombreuses situations. » Zaphrön, interloqué, murmura : « C’est grâce à ça que vous avez obtenu les plans du Palais d’Ocre ? » Sorælia ignora la question et reprit : « J’ai été mise en service en 2195, exactement sept mois avant le début de la Révolution de Rouille initiée par mon créateur. J’ai servi plusieurs fois à mettre en place des bombes, pirater des IA ou voler des fichiers confidentiels, mais Lord Azabachë préférait ne pas m’impliquer trop ouvertement dans la Révolution, car il avait besoin de moi pour la seconde partie de son plan. »

    La seconde partie de son plan ? Zaphrön voulut s’écrier : « De quoi parlez-vous ? » mais sa voix s’étrangla. Sorælia lui adressa un sourire compréhensif et continua, imperturbable : « Lord Azabachë voulait la paix sur la planète rouge. Il avait créé un cyber-virus capable de s’infiltrer dans l’IA de chaque habitant, afin que la haine et les mauvaises intentions soient effacées de leur âme. » Devant le regard ébahi de Zaphrön, elle ajouta, secouant la perle oblongue au bout de sa chaine : « Le cyber-virus se trouve à l’intérieur de ce dispositif. Seulement Lord Azabachë est mort prématurément et je n’ai pas pu récupérer le pendentif à temps ; quelqu’un s’en était déjà emparé lorsque j’ai pu approcher son corps. Par chance, après un an de recherche je l’ai enfin retrouvé. »

    Sorælia fit une courte pause, laissant à Zaphrön le temps de digérer toutes ces informations. Le jeune homme tomba à genoux, la poitrine en feu ; il avait du mal à respirer dans son masque, même si sa bonbonne d’oxygène était encore bien pleine. Comment avait-il pu passer à côté d’une affaire pareille ? Lui qui pensait être le bras droit de Lord Azabachë, celui à qui on pouvait tout dire… Il bredouilla : « Mais… pourquoi ne m’a-t-il pas… » Sorælia s’agenouilla pour se mettre à la même hauteur que son interlocuteur et répliqua : « Pourquoi ne vous a-t-il rien dit ? Tout simplement parce qu’il estimait que ce plan secret ne pouvait être divulgué à personne, pas même son plus proche collaborateur… S’il vous en avait touché un mot, il aurait suffi que par malheur vous soyez arrêté et que vous  divulguiez le moindre détail à ce propos pour que tout soit fichu. »

    Elle se releva, laissant Zaphrön affronter son désespoir, puis soupesa le bijou. De sa main métallique jaillit une sorte de tournevis qui entreprit d’ouvrir le pendentif ; quelques secondes plus tard, une clé électronique apparut dans les entrailles de la perle. Sorælia esquissa un sourire et murmura : « Enfin, enfin je peux accomplir la volonté de mon créateur ! Il ne me reste plus qu’à pirater l’IA centrale pour qu’il soit transmis à tous les Aréens. » Soudain, Zaphrön l’interrompit : « Non. » Tandis qu’elle l’observait d’un air un peu surpris, il se leva à son tour et s’écria de nouveau : « Non !! Vous ne comprenez pas parce que vous ne disposez que d’une stupide intelligence artificielle. Vous croyez réaliser le vœu de Jøshlan, mais en réalité vous allez à l’encontre de ce qu’il voulait ! » Sorælia haussa un sourcil : « Je ne crois pas. Ne venez pas me gêner, Lord Highsilver, je vous en prie. Je ne voudrais pas avoir à vous éliminer. »

    Ignorant la menace, Zaphrön continua : « Ce cyber-virus est peut-être une excellente solution pour empêcher des conflits de se produire, mais en attendant, les Aréens sont bel et bien en guerre contre la Terre, bien que rien de violent n’ait été à déplorer depuis un an. Les Terriens nous considèrent comme une ressource, comme une banale planète de rechange parce qu’ils ont semé le chaos sur la leur ; ils refusent de nous accepter en tant que nation ! Mars est en train de devenir une planète-usine, une planète peuplée d’esclaves au service de la Terre, et c’est exactement ce que Jøshlan ne voulait pas ! Si vous activez ce cyber-virus maintenant, les Aréens deviendront aussi dociles que des nourrissons et la Terre aura gagné ! Vous aurez accompli le contraire de ce que désirait Jøshlan ! »

    Sorælia tiqua à ces paroles. Ses yeux luisaient de colère et ses mains tremblaient violemment, comme celles d’un humain en proie aux mêmes sentiments. Elle leva son bras droit et activa un canon miniature. Elle le pointa vers Zaphrön et déclara, bouillonnant de haine : « Vous êtes une entrave à ma mission, Lord Highsilver. Je n’ai pas d’autre choix que de vous abattre. » Le jeune homme était terrifié d’être ainsi mis en joue, mais il ajouta, la tête basse : « Si vous voulez vraiment accomplir la volonté de votre créateur, aidez-moi à relancer la Révolution de Rouille. Lorsque la victoire sur la Terre sera complète, nous pourrons utiliser le cyber-virus qu’il a conçu pour créer un monde sans haine ni violence. »

    L’androïde resta quelques secondes interloquée, son arme pointée sur le torse de Zaphrön, visiblement en proie à un conflit intérieur d’une rare intensité. Le jeune homme était angoissé comme il ne l’avait jamais été de sa vie ; il était conscient qu’elle avait un pouvoir de vie et de mort sur lui. Il commença à regretter sa tirade fougueuse en la voyant enlever la sécurité de son arme. Son heure était venue… En fermant les yeux, Zaphrön adressa une prière muette à Arès : Pitié, même si je meure, faites qu’elle comprenne la nécessité de ne pas activer ce cyber-virus…

    Après un silence interminable, Sorælia désactiva son canon avec un bruit sourd et commença à se diriger vers le quad. Tandis que Zaphrön rouvrait les yeux et la fixait, ébahi, elle déclara, l’air un peu agacé : « Les humains changent si souvent d’avis que j’ai parfois du mal à les suivre… Enfin, dépêchez-vous de me rejoindre, au lieu de me regarder comme un idiot ! Nous avons du pain sur la planche si nous voulons empêcher ces imbéciles du Ministère aux Affaires Martiennes de contrecarrer définitivement la Révolution. » Zaphrön acquiesça, le cœur battant encore la chamade, et la suivit. Ils montèrent dans le véhicule sans proférer un mot, mais lorsqu’ils sortirent du tunnel, Sorælia alluma l’autoradio, laissant monter des petites enceintes les premiers mots de Martian Rhapsody. Les deux jeunes gens échangèrent un regard et sourirent tandis la voix grave du chanteur déclamait le refrain :

     La route jusqu’à la victoire sera longue,

    Mais nous y arriverons car Arès veille sur nous.


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