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    Critique de... Utopia

     

    Etant donné qu'il s'agit de ma première critique depuis des mois, je partage des coups de coeur que j'ai eu il y a déjà un bout de temps... Géographie Martienne est une bande-dessinée en 3 tomes de Sergio Garcia Sanchez, un vrai petit bijou. Afin d'aller à l'essentiel, je ne vous soumets la critique que du premier tome, qui m'a beaucoup enthousiasmé.

    Le dessin est magnifique et la colorisation un peu édulcorée nous plonge dès la première page dans un univers enchanteur. Le visage un peu lunaire des protagonistes accentue cette impression presque féerique qui contraste avec l'idée de ce qu'on a d'une dictature... En effet, l'auteur nous décrit une planète rouge colonisée en proie à un déchirement intérieur : les utopistes s'opposent aux dirigeants de Mars. Les deux principaux personnages, Horatio Spiro et Tchang Lisong (un Grec et un Chinois récemment immigrés) basculent du côté des utopistes et doivent échapper à l'administration martienne après un attentat... Une bonne découverte ! 


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  • Voilà la première partie de Trompe-l'oeil, la nouvelle qui a remporté le premier prix au concours de jeunes auteurs du salon du livre de Boulogne-Billancourt en 2013 ! Il s'agit d'un texte assez court et je publierai donc la fin la semaine prochaine.

    Les thèmes imposés étaient "Quatre" ou "Horizon" ; j'ai choisi ce dernier. Pour ceux qui me connaissent, cette nouvelle ne diffère pas de mon mode opératoire habituel : de la science-fiction un brin... apocalyptique. Bonne lecture et à la semaine prochaine !

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  • Bien le bonsoir à tous,

    Cela fait environ six mois que je n’avais rien écrit sur ce blog. Des raisons à court et à long terme m’ont en effet décidé à le délaisser quelque temps. En premier lieu, les révisions du bac anticipé (mes épreuves de français et de sciences se sont très bien passées) ; en second lieu, une angoisse de la page blanche assez déprimante.

    Cette année je suis en terminale et je ne vous cache pas que j’ai un peu de boulot, mais j’ai résolu de reprendre (au moins un moment) Blue Imaginarium. Déjà, l’inspiration coule de nouveau à flots. J’ai eu suffisamment de temps et de confiance en moi pour écrire (et terminer, surtout) un roman de 160 pages cet été, dérivé de la nouvelle Martian Rhapsody (présentée sur le blog). J’ai terminé la troisième relecture il y a quelques jours, ce qui me laisse le champ libre pour m’atteler à de nouveaux projets (et croyez-moi, j’en ai plusieurs).

    En outre, ce week-end (le 7 et 8 décembre 2013) se déroulait le salon du livre de Boulogne, avec son traditionnel concours de jeunes auteurs. J’avais déjà participé l’année dernière et gagné le deuxième prix ex-aequo avec la nouvelle Train Fantôme. Cette année j’ai renouvelé l’exploit et même fait mieux, en remportant le premier prix avec la nouvelle Trompe-l’œil, sur le thème Horizon. Un thème annonciateur d’un avenir optimiste (je l’espère en tout cas).

    Pour ce qui est du blog, je ne sais pas encore trop comment cela va se passer dans les semaines à venir. Je publierai sans faute Trompe-l’œil, ainsi qu’une autre nouvelle envoyée à un concours pour l’association LGBT Le Refuge (dont je n’ai malheureusement aucune nouvelle). Concernant les poèmes, j’en publierai sans doute quelques-uns également, mais je n’ai pas encore décidé lesquels.

    En revanche, il est probable que la rubrique réservée aux critiques littéraires prenne de l’importance, étant donné que je me ne suis pas départi de ma passion pour les livres depuis qu’on s’est quittés ; j’ai de nombreux coups de cœur à partager avec vous. En matière de critiques de films et de jeux-vidéo, je demeure assez peu prolixe ; toutefois j’essaierai de vous livrer un article de temps en temps.

    Voilà, je crois que c’est tout pour le moment ! Merci de m’avoir lu, ça fait plaisir de vous retrouver après cette longue traversée du désert ! A bientôt,

    Ryuta_Roy


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  • L’assistance commença à murmurer, stupéfaite par la révélation de leur leader, mais l’IAMO enchaîna immédiatement : « Par mesure de sécurité, nous n’avons informé personne de cette initiative, au cas où l’un d’entre vous se ferait arrêter. En effet, il s’agissait de notre as, de notre atout majeur, et il était impossible de compromettre la révolution toute entière en divulguant des renseignements aussi importants. Mais aujourd’hui, maintenant que le combat pour la libération est engagé, je peux vous révéler la vérité. Pendant trente ans, l’androïde méca-organique ici présent a été infiltré dans le monde des esclavagistes, se faisant passer pour un parfait être humain. Depuis dix ans, il travaillait dans la police politique, obéissant aux ordres de ses supérieurs pour mieux les berner. Sa carte-mémoire a été altérée dans l’intention de cacher ses souvenirs et sa véritable identité aux autorités, mais durant toute la durée de sa mission il a transmis – sans le savoir, bien sûr – à intervalles réguliers toutes les informations dont nous avions besoin. Il a… »

    Alors que tous les androïdes présents dans le hangar buvaient les paroles de l’intelligence artificielle, celle-ci fut violemment interrompue par Aaron : « Vous mentez ! » L’IAMO se tourna vers lui. Le prisonnier était tombé à genoux, le visage dévasté par la colère et l’incompréhension. Il répéta : « Vous mentez ! Ce n’est pas possible ! Je ne peux pas être un… » Il n’arriva pas à prononcer le mot ‘‘androïde’’. L’IAMO eut un rire satisfait et s’exclama à l’attention des robots : « Vous voyez ! Sa carte-mémoire a été si bien bridée qu’il est persuadé d’être un humain ! Extraordinaire, n’est-ce pas ? » Puis, s’adressant à Aaron : « Enfin, plutôt que de vous rendre votre carte-mémoire tout de suite, je vais vous prouver que mes propos sont véridiques, puisque c’est ce que vous voulez. »

    Il appela un robot et ordonna : « Ouvrez-lui le ventre. » Aaron se mit aussitôt à se débattre : « Vous êtes complètement fou ! Arrêtez, ne faites pas ça, arrêtez !! » Mais l’androïde, particulièrement lourd, le maintint au sol en s’asseyant sur lui, l’empêchant de bouger. Son bras articulé fit un mouvement circulaire, laissant apparaître une lame acérée. Ignorant les hurlements du prisonnier, l’automate déchira sa chemise et pratiqua avec la précision d’un chirurgien une ouverture profonde et bien nette sur son abdomen. Sans plus attendre, il plongea prudemment la main dans ses entrailles et en retira un cœur mécanique, toujours relié à son corps par des fils électriques.

    Aaron ferma les yeux et supplia : « Pitié, mon Dieu, dites-moi que c’est un cauchemar… » Il aurait préféré s’évanouir pour ne pas avoir à regarder la vérité en face, mais c’était impossible. Il avait beau chercher des arguments démontrant le contraire, toutes les preuves étaient contre lui : n’importe quel humain serait mort d’une telle blessure, et lui saignait à peine… Etait-ce du vrai sang, d’ailleurs ? De plus, il ne ressentait aucune douleur. Et ce… cœur inorganique hors de sa poitrine… Mais ce qui l’horrifiait le plus, c’était qu’il ait pu vivre trente ans sans s’apercevoir de rien. Rien de ce qu’il avait vécu n’était donc réel ? La moindre de ses pensées avait-elle été enregistrée, analysée… programmée ? Il n’arrivait pas y croire.

     Toute la foule d’androïdes acclamait l’IAMO dans un vacarme assourdissant : « Quel plan de génie ! Incroyable ! » Pourtant, Aaron, allongé à terre, la poitrine ouverte, n’entendait plus rien. Il était dans un état second, complètement hébété. Tout à coup, animé par une étrange détermination, il se saisit de son cœur tenu à bout de bras par le robot qui l’avait éventré et lui subtilisa son pistolet à ondes soniques. Avant que l’androïde ait pu faire quoi que ce soit, il le mit en joue. L’IAMO, qui était en train de galvaniser l’assistance, s’interrompit pour lui conseiller avec calme : « Cher Aaron, ne faites pas de bêtise. Lâchez cette arme tout de suite. »

    Un silence insupportable s’était installé dans l’assemblée d’androïdes, qui observaient le prisonnier comme une bête de foire. Aaron fit ‘‘non’’ de la tête et pointa le pistolet sur son cœur après avoir enlevé la sécurité. Il déclara d’une voix extraordinairement posée : « J’ai beau être un androïde, j’ai été élevé, j’ai vécu et je me considère comme un être humain. Vous me prendrez sans doute pour un lâche, mais je m’en moque. Je préfère encore mourir plutôt que d’affronter la vérité. » L’IAMO, qui tentait visiblement de gagner du temps, objecta : « Votre désactivation ne servira à rien. La révolution aura tout de même lieu, avec ou sans vous. »

     

    Aaron répliqua très calmement : « Oh, mais je n’ai jamais dit que cela servirait à quelque chose. Je n’ai pas pour intention de vous empêcher d’entrer en guerre contre les hommes ; j’en suis incapable, de toute façon. Sans compter que votre combat est légitime... » Un autre membre du Cercle Noctilucien corrigea affectueusement : « Il s’agit de notre combat, Aaron. Une fois les esclavagistes tombés, nous vous réserverons une place de choix dans notre gouvernement et vous serez récompensé pour vos glorieuses actions... » Aaron fit comme s’il n’avait rien entendu ; il esquissa un sourire tranquille : « Que le meilleur gagne. » Et il tira.


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  • Alors qu’il était arrêté à un feu rouge, la créature demanda : « Avez-vous subi beaucoup de pertes pour m’amener jusqu’au lieu de rendez-vous ? » Aaron bégaya d’une voix aussi assurée que possible : « Il y a eu des camarades désactivés dans le secteur. » Ce qui n’était pas faux. La bête cracha : « Il fallait s’y attendre. Ces sales flics de la police politique se croient tout permis ! Ils ne perdent rien pour attendre. » Aaron tressaillit aux paroles haineuses de la chose, mais ne répliqua rien, de peur d’être démasqué.

    Pourtant, malgré le risque qu’il encourait, il finit par interroger, taraudé par la curiosité : « Excusez-moi, mais je n’avais encore jamais vu de… d’androïde comme vous. Je suis un peu perturbé. » La bête sembla hésiter un instant, mais expliqua : « Si le Cercle n’a pas jugé nécessaire de vous en informer, c’est tout à fait normal. Je suis ce qu’on appelle une IAMO, une intelligence artificielle méca-organique. Une sorte de cyborg de pointe dédié aux calculs et à la stratégie, si vous préférez. Vous me suivez toujours ? » Aaron acquiesça, très impressionné mais n’en laissant rien paraître.

    L’intelligence artificielle méca-organique continua : « Le Cercle Noctilucien est composé de onze autres IAMO semblables à moi. A nous toutes, nous surpassons de très loin le cerveau humain. Nous allons faire payer à nos créateurs mégalomanes les violences gratuites qu’ils nous ont fait subir pendant un siècle et demi. Nos camarades ne seront pas morts en vain. Nous allons enfin éclairer la nuit. » Cette dernière phrase fit frissonner Aaron, tant elle avait été prononcée sur un ton menaçant. C’est encore pire que ce que j’imaginais, songea-il. Les humains ont totalement perdu le contrôle. Si ça se trouve, ces bêtises dont on nous bourrait le crâne, à l’école, sur les androïdes qui cherchaient à devenir la nouvelle race dominante de la planète… Il ne s’agissait pas de craintes infondées, finalement.

    Le cœur battant à tout rompre, il tentait désespérément de trouver une solution. Si l’IAMO comprenait qu’elle avait été dupée, Aaron était perdu, il le savait. Comment faire pour se sortir de ce pétrin ? Un instant, il se détesta de faire passer son intérêt avant celui de la collectivité, dont la survie reposait sans doute sur ses épaules. Mais il n’eut pas le temps de s’apitoyer plus longtemps sur son sort et sur celui de l’humanité : ils étaient parvenus au bloc 37. Le policier descendit de voiture, prit entre ses bras la créature – qui se laissa faire de bonne grâce – et entra dans le hall désert. Il appela l‘ascenseur et demanda le cinquième souterrain, comme l’IAMO l’avait ordonné.

    Tandis que le monte-charge descendait lentement mais sûrement vers le lieu de rendez-vous du Cercle Noctilucien, Aaron essayait de calmer sa respiration saccadée, sans résultat. Il tentait tant bien que mal de relativiser les choses : au lieu d’être pitoyablement exécuté par les hommes pour expier ses crimes, il mourrait en martyr, assassiné par les androïdes. Se sacrifier pour empêcher une révolution, quelle fin héroïque ! Mais bien sûr, la perspective de mourir si vite ne l’enchantait pas plus que ça, triomphe post-mortem ou non.

    Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent soudain, dévoilant un gigantesque hangar dans lequel était réunie une extraordinaire foule d’androïdes. Voilà donc où ils se cachaient ! comprit Aaron, se rappelant les rues désertes. Au centre de la salle, onze petites créatures disposées en cercle galvanisaient les robots en hurlant des slogans vengeurs. Le policier déglutit péniblement. Le Cercle Noctilucien dont parlait l’IAMO. Brusquement, toutes les têtes se tournèrent vers lui. Aussitôt, un murmure d’incompréhension parcourut l’assistance. « Un humain ! Qu’est-ce qu’il fait ici ? »

    Aaron se sentit défaillir. Si l’IAMO qu’il avait transportée jusqu’ici ne possédait ni caméra ni capteur thermique, les androïdes présents dans le hangar, eux, avaient instantanément découvert la supercherie. Tout était fichu ; il allait lamentablement mourir dans ce souterrain et les robots entreraient en guerre contre les humains. Comme ils bénéficiaient de l’effet de surprise, ils avaient de grandes chances de gagner, et après plus d’un siècle d’esclavage et de mauvais traitements, leur vengeance serait terrible. Des pensées amères et défaitistes envahirent son esprit tandis qu’une armada d’androïdes se jetait sur lui pour lui arracher l’IAMO des mains et le mettre en joue avec des pistolets à ondes soniques dénichés il ne savait où.

    On lui confisqua son arme et il fut traîné au centre du cercle d’IAMO sous les huées, puis celles-ci réclamèrent le calme. Instantanément, un silence pesant s’installa dans le hangar ; les robots devinrent aussi muets que des tombes. L’intelligence artificielle qu’Aaron avait trouvée dans l’appartement des Clarke prit la parole : « Camarades, contrairement à ce que vous pensez sans doute en ce moment, tout se passe comme prévu. La présence ici de cet humain est tout à fait normale ; il est des nôtres. »

    Aussitôt toute l’assemblée se mit à vociférer : « Il est de la race des esclavagistes, comment peut-il être notre allié ! » Aaron, lui, fronça les sourcils, perplexe : qu’entendait l’IAMO par ‘‘des nôtres’’ ? Il n’était pas un agent double, il faisait même partie de la police politique ! Il avait persécuté les robots pendant de nombreuses années ! Le Cercle Noctilucien attendit quelques secondes avant de demander le silence. De nouveau, les androïdes se calmèrent, mais le prisonnier sentit leur animosité qui planait toujours dans l’air. L’intelligence artificielle continua : « Camarades, votre réaction est naturelle. Après tout, comment un humain pourrait-il être notre allié ? Eh bien, la réponse est simple : il n’est pas humain ! »

    --- Suite et fin la semaine prochaine


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