• La naissance des Gardiens chapitre III - Les Yeux (Première partie)

    Déjà le troisième chapitre de La naissance des Gardiens... Eh oui.

    J'ai écrit cette nouvelle en août 2012. Je n'ai pas eu de difficulté particulière à l'écrire, mais je dois avouer que j'ai hâte de me consacrer à autre chose. Plus qu'un chapitre à rédiger !

    Elle sera divisée en quatre parties, comme la précédente. 

    J'espère que cela vous plaira ! Enjoy~ =)

     

    Maxime commençait à sentir ses poumons implorer sa pitié. Il suffoquait et son cœur battait douloureusement à ses tempes comme s’il avait voulu s’échapper de sa cage thoracique ; ses jambes tremblaient à cause de l’effort qu’il fournissait depuis déjà près de quarante minutes, mais il les ignora. Il tentait de se concentrer sur le ballon, de ne pas le quitter des yeux. Cela lui était de plus en plus difficile car sa vision devenait floue à cause de la sueur qui s’infiltrait jusque sous ses paupières.

     

    L’équipe adverse semblait encore plus épuisée que lui, mais il ne fallait pas se relâcher, surtout à une minute de la fin. Ils en étaient à vingt-deux points partout pour ce dernier quart temps, ce qui signifiait qu’il y aurait des prolongations si personne ne réussissait à marquer de panier dans ce court intervalle. Et personne n’aurait assez de force pour ça, surtout après un match d’une telle intensité. Il fallait qu’une des deux équipes en finisse, et vite.

     

    Soudain, à moins de trente secondes de la fin, Maxime repéra une ouverture dans la ligne de défense ennemie, qui s’était révélée impénétrable pendant de longues minutes. C’était l’occasion qu’ils attendaient, celle qui allait peut-être leur permettre de remporter le match. Maxime vit que Lucas, un de ses coéquipiers, avait aussi remarqué cette faille, et leurs regards se croisèrent. Ils comprirent tous les deux ce qu’il fallait faire, comme s’ils communiquaient par télépathie.

     

    Tandis qu’un de leurs adversaires tentait désespérément de bloquer la marée humaine des joueurs agglutinés autour de lui, Lucas fonça vers le panier, confiant. Il évita ceux qui tentaient de s’emparer de la balle puis, alors que tous s’imaginaient qu’il allait tirer, il feinta et fit une passe rapide à Maxime, resté un peu en retrait, qui marqua sans difficulté. Personne ne l’avait vu venir. Le temps que l’équipe adverse se rende compte de ce qui se passait, un coup de sifflet déchirait l’air, annonçant la fin du match. La voix du commentateur, un free-lance embauché pour l’occasion, retentit alors dans le brouhaha des spectateurs surexcités : « Victoire incroyable des Loups Bleus du VIIème arrondissement grâce à un panier extraordinaire de leur capitaine, Maxime Roseray ! Leur équipe accède à la finale de la Coupe Inter-arrondissement après un combat acharné ! »

     

    Maxime adressa un V de la victoire un peu hésitant aux supporters avec un sourire timide et innocent, puis il se dirigea précipitamment vers les vestiaires, cherchant à retrouver le calme au plus vite. On avait l’impression que dès qu’il n’était plus question de basket, il replongeait dans une sorte de bulle, qu’il n’arrivait à se sentir à l’aise qu’en étant sur le terrain. Ce qui était le cas. Quand une petite équipe de journalistes locaux se présenta à l’entrée des vestiaires pour lui demander son avis sur le match et d’autres questions tout aussi futiles, il rebroussa chemin aussi vite qu’il était apparu.

     

    Il chercha des yeux son entraîneur, Thibaut, le seul adulte dont il appréciait la compagnie. Soudain, il le repéra dans la foule. Il se mit à courir dans sa direction malgré la fatigue. Le vieux coach l’aperçut à son tour et accéléra le pas. Ils parvinrent enfin à se rejoindre ; Thibaut le prit par le bras et murmura : « Allons chez moi, nous serons plus tranquilles. » Ils réussirent à sortir du gymnase bondé sans croiser aucun reporter ; tous s’étaient apparemment contentés d’interviewer ses coéquipiers. La voiture du vieil entraîneur était garée à quelques pas de l’entrée ; ils démarrèrent en deux temps trois mouvements.

     

    Thibaut et Maxime ne dirent pas un mot durant quelques minutes ; le paysage urbain défilait par la fenêtre. Finalement, le jeune homme rompit le silence pesant, déclarant d’une voix tremblante : « Merci de m’avoir sorti de là. » Le vieux coach éclata de rire et répondit : « Ce n’est rien. Je sais bien que tu as encore du mal à gérer ta célébrité ! » Le visage de Maxime s’assombrit à ses paroles. « Je vous ai déjà dit que j’arrêtais le basket après la finale. » Thibaut freina brusquement et la voiture s’arrêta en plein milieu de la chaussée heureusement déserte – on était dimanche et l’après-midi était déjà bien avancé, il n’y avait personne dehors dans le quartier. Il regarda Maxime dans les yeux et s’écria, l’air incrédule :

     

    -    Tu le pensais donc sérieusement ! Moi qui étais persuadé que tu plaisantais quand tu m’as dit ça il y a quelques semaines…  

     

    -    Comme si je pouvais plaisanter sur un sujet pareil ! répliqua violemment le jeune homme.  

     

    -    Mais pourquoi, Maxime, pourquoi ? A mon sens, tu es un des joueurs les plus prometteurs de ces dix dernières années ! Tu pourrais facilement passer en professionnel, si tu voulais ! 

     

    Maxime se mordit la lèvre, visiblement en proie à un déchirement intérieur. Il finit par avouer, la tête basse :

     

    -    On est mi-février, Monsieur ! J’approche de la fin de la terminale et il faudra bien que je continue mes études pour devenir quelqu’un de respectable et…

     

    -    « Pour devenir quelqu’un de respectable » ? On dirait bien que c’est encore ta mère qui te donne de mauvaises idées, n’est-ce pas ? interrompit Thibaut, semblant enfin comprendre la situation. En réalité tu n’as pas vraiment envie d’arrêter le basket, pas vrai ?

     

    -    Je ne sais pas. Tout est si confus dans ma tête…

     

    Le jeune homme se mit brusquement à pleurer. Le contrecoup de la fatigue du match et du dilemme qui le taraudait depuis un mois déjà… Le vieil entraîneur soupira et déclara : « Pardonne-moi, je n’aurais pas dû aller aussi loin. » Il sortit un paquet de mouchoirs de sa poche et en tendit un à Maxime, qui le prit et commença à essuyer ses larmes, ses épaules continuant d’être secouées par des spasmes. En redémarrant, Thibaut ajouta : « On est bientôt arrivés chez moi, tu pourras prendre une bonne douche et te reposer si tu veux. » Le jeune homme hocha la tête avec un petit sourire forcé.

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    La suite le samedi 24 novembre !


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