• Bonjour à tous, j'espère que tout se passe pour le mieux chez vous. Personnellement je vais entamer ma deuxième semaine de vacances.

    J'écris donc cette petite note pour vous informer que, partant demain pour un séjour de cinq jours à Berlin, je ne publierai pas de poésie cette semaine. Sinon tout sera comme d'habitude: la nouvelle le samedi, tout ça, tout ça. Vous êtes habitués maintenant.

    A la prochaine!


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  • Ils montèrent les escaliers branlants jusqu’au huitième étage et parvinrent au seuil du deuxième appartement. Caleb écrasa son mégot sur le paillasson, puis sortit de la poche de son manteau un impressionnant pistolet à ondes soniques. Il adressa un imperceptible signe de tête à Aaron, qui donna un magistral coup de pied dans la porte. Celle-ci s’ouvrit sous le choc ; son collègue entra aussitôt dans l’habitation et hurla : « Police de Winterfield ! Pas un geste ! » Un couple d’androïdes, assis à une table au centre de la pièce, n’esquissa pas un mouvement malgré la soudaineté de l’intervention. Leurs yeux artificiels trahissaient néanmoins une profonde surprise.

    Aaron détourna le regard ; les robots le mettaient toujours mal à l’aise, avec leur peau d’un blanc de porcelaine et leurs cheveux transparents comme du verre… Caleb, lui, n’affichait aucun trouble et continuait de pointer son arme sur les deux androïdes. Il interrogea, à peine moins fort : « Monsieur et madame… Clarke, c’est bien ça ? » Ils acquiescèrent d’un hochement de tête. Le mâle demanda de sa voix flûtée : « Que nous vaut l’honneur de votre visite, messieurs ? Il est rare de voir des humains par ici... » Mais Caleb le fit taire en tirant une onde sonique sur la table, qui explosa dans un bruit sourd.

    Les visages des deux androïdes n’avaient pas changé d’expression. Le policier s’exclama, méprisant : « Pas de familiarité avec moi, sales automates. Le seul fait que nous soyons là prouve que vous êtes dans la mouise jusqu’au cou, alors n’aggravez pas votre cas ! » Le robot dénommé M. Clarke reprit, beaucoup moins téméraire : « Y a-t-il quelque chose que nous puissions faire ? Peut-être… » Aaron l’interrompit – il avait peur que Caleb finisse par faire une bêtise ; il avait toujours été particulièrement impatient, surtout avec les androïdes, qu’il méprisait au plus haut point : « Nous sommes à la recherche  d’un appareil non répertorié sur la base de données du bureau des Archives centrales. D’après sa géolocalisation, il se trouve dans votre appartement. »

    M. Clarke ne cilla pas. Voyant qu’il ne disait rien, Caleb ricana : « De toute façon, ça ne sert à rien de le nier. On finira bien par le trouver. » Puis à son collègue : « Je m’occupe du séjour et de la cuisine. Va inspecter les chambres et la salle de bains. » Il disparut dans la pièce voisine. Aaron soupira et se dirigea vers la salle d’eau, non sans avoir jeté un coup d’œil désolé aux deux androïdes, qui n’avaient pas bougé d’un pouce. Comme il s’y attendait, il ne trouva rien ; c’était une pièce tout ce qu’il y avait de plus normal. Mais lorsqu’il entra dans la chambre à coucher, son détecteur de métaux s’affola.

    Il s’agenouilla près du lit conjugal et balaya le sol d’un geste. L’objet qu’ils cherchaient était là ; cela ne faisait aucun doute. Des haut-parleurs de son appareil s’élevait un sifflement ininterrompu et suraigu qui lui donnait mal à la tête. A l’aide d’un levier, Aaron souleva une latte de plancher, puis une autre. Il écarquilla les yeux. Une cache. Il appela Caleb qui furetait dans la salle de séjour : « Je crois bien que j’ai trouvé. » Son collègue se précipita dans sa direction. Lorsqu’il découvrit Aaron en train de manipuler un étrange paquet emmailloté dans une pièce de tissu, il jubila : « Ah, ah ! Ça n’a pas été long ! »

    Il arracha le sac des mains de son collègue, courut chercher les époux Clarke et le leur colla sous le nez. Il hurla : « Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Hein, qu’est-ce que c’est ? » Aucun des deux ne proféra un mot. Ils ont dû entendre à la télévision que la moindre de leurs paroles serait retenue contre eux, ou quelque chose comme ça, se dit Aaron. Mais cela ne changerait rien à leur situation, à présent. Dès lors que la police politique découvrait un objet suspect chez des androïdes, ils étaient automatiquement envoyés dans un camp de désactivation. Pas de procès équitable pour les robots.

    Caleb défit le paquet, dévoilant une pierre de la taille d’un ballon de basket-ball, de forme ovale et aux reflets métalliques. Il fronça les sourcils ; cela ne ressemblait à rien de connu. Pas étonnant que ce truc ne soit pas dans les bases de données, songea Aaron en l’observant avec curiosité. Son collègue désigna l’objet du délit et cracha à l’attention du couple androïde : « C’est une machine ? Comment l’allume-t-on ? » Pas de réaction, naturellement. Sans crier gare, il tira deux ondes soniques sur la femelle, qui explosa en une gerbe d’étincelles et de pièces détachées. Elle s’affaissa dans un bruit de métal déchiré.

    Aaron, effaré, voulut intervenir, mais son collègue le retint d’un geste. M. Clarke déclara d’une voix calme malgré la désapprobation qui transparaissait dans ses yeux : « Vous n’avez pas le droit de faire ça. » Caleb eut un sourire mauvais et répliqua : « Et comment, que j’ai le droit ! Que vous mouriez ici ou dans un camp de désactivation, ça ne change rien, non ? Sans compter que les conventions des droits de l’homme ne s’appliquent pas ici, vu que vous n’êtes pas des humains ! » L’androïde reprit d’une voix lasse : « Cela vous plaît, n’est-ce pas ? De répéter que nous ne sommes pas des humains. » Il ignora le regard interloqué du policier et continua : « Si être un humain implique d’être incapable de se maîtriser et de faire preuve d’une telle cruauté, je préfère n’être qu’un robot. »

    Caleb, suffoquant de rage, pointa son pistolet à ondes soniques sur la tête de l’automate qui avait osé l’insulter de la sorte. Le visage artificiel de M. Clarke s’étira en un sourire énigmatique : « De toute façon, la révolution est proche. » Avant qu’Aaron ait pu l’en empêcher, son collègue tira. Le crâne de métal de l’androïde s’ouvrit en deux, révélant les rouages de son cerveau mécanique. Il l’écrasa violemment à l’aide de la crosse de son arme, puis donna un coup de pied au cadavre qui s’effondra. Aaron se saisit de son propre pistolet et s’exclama : « Tu es devenu fou, Caleb ! Il aurait pu nous donner davantage d’informations sur cet objet et sur cette ‘‘révolution’’ ! Au lieu de réfléchir et d’agir posément, tu as donné libre cours à ta colère et tu as réduit en miettes la possibilité de démanteler un réseau de résistance ! »


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  • En cette journée mondiale de la liberté de la presse, je me permets d’exprimer mon point de vue concernant le nouveau clip du groupe français Indochine, intitulé College Boy, sorti le 2 mai 2013, et plus précisément sur le débat concernant sa potentielle censure.

    Avant toute chose, je vous invite à le visionner en consultant le site du Parisien, via ce lien : http://www.leparisien.fr/musique/indochine-le-clip-choc-02-05-2013-2773375.php Petit avertissement : les images peuvent choquer.

     

    Ce clip dénonce le harcèlement à l’école de manière radicale, en mettant en scène des collégiens passant à tabac un de leurs camarades. Leurs brimades commencent par de simples jets de boulettes de papier, puis deviennent de plus en plus violentes : l’enfant est roué de coups puis crucifié en plein milieu de la cour, avant de se faire tirer dessus.

    Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, ou CSA, a aussitôt crié au scandale, dénonçant l’ultra violence de ce clip et préconisant une interdiction aux moins de seize ans, voire moins de dix-huit ans. Je vous renvoie à la charmante vidéo des studios d’Europe 1, via ce lien : http://www.youtube.com/watch?v=375dcGvbNBA où l’on peut entendre Madame Françoise Laborde, présidente du groupe de protection du jeune public, s’insurger contre le clip.

     

    Une simple remarque : certains « artistes » (je mets entre guillemets car cette désignation me fait parfois rire jaune) font dans leurs chansons l’apologie de la violence gratuite, appelant clairement leurs auditeurs à ne pas respecter la loi. Et ne parlons pas de l’image dégradante de la femme qu’ils diffusent (mais ceci est un autre débat). Je pense notamment à certains rappeurs comme Booba, Rohff et d’autres. On peut trouver leurs clips et chansons partout sur la toile, sans que personne ne s’insurge de la violence de leurs propos. Madame Laborde n’y trouve rien à redire.

     

    A l’inverse, lorsque le groupe Indochine prend son courage à deux mains et publie un clip à démarche éducative, qui dénonce le harcèlement voire la brutalisation des adolescents, Madame Laborde crie haro sur le baudet. Ces images vous choquent ? La violence que subit cet enfant vous retourne l’estomac ? C’est le but. La fonction de cette vidéo est d’inciter les gens à se mobiliser contre ce qu’ils endurent. Mettez-vous une chose dans le crâne : ce n’est qu’un extrait. Les victimes souffrent de ce harcèlement tous les jours, pas seulement les six petites minutes que dure cette vidéo.

    En censurant ce clip, vous ne valez pas mieux que ces adultes que l’on voit dans le clip, les yeux bandés. En censurant ce clip, vous rendez service à des centaines de petits voyous qui sont légitimés dans leurs exactions et vous bâillonnez leurs proies.

    Toutefois, j’ai de bons espoirs que le message passe : à l’ère d’internet, censurer un clip sur les chaînes de musique en journée est un acte totalement inutile. Les tortionnaires visionneront un jour ou l’autre cette vidéo et se rendront – peut-être – compte de la stupidité et de la cruauté de leurs actions. Mais ce ne sera pas grâce à vous, Madame Laborde. Ce sera grâce à la voix d’une communauté qui en a assez de se laisser marcher sur les pieds : la communauté des souffre-douleur, dont je fais partie.

    J’ai seize ans et je vis très mal ma « différence » (soyons politiquement corrects) dans mon lycée. Je suis sûr que beaucoup d’autres adolescents sont dans mon cas. Sans aller jusqu’au passage à tabac, aller à l’école est parfois un véritable calvaire. Je me permets donc de pousser ce coup de gueule. Merci de m’avoir lu.


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  • Le phénix

    Je ruisselle de sueur sous le soleil de mercure

    Qui écorche le sable rouillé de mon désert ;

    A chaque pas je m’enlise un peu plus dans les murmures

    Du paradis ; dans ma tête résonne le parfum de l’enfer.

     

    Le vent acide brûle en hurlant mon visage.

    Soudain je m’écroule, déchirée par mes hallucinations ;

    Je ne veux plus avoir la misère pour unique paysage,

    Je ne veux plus avoir mon esprit pour unique compagnon.

     

    Mon instinct qui hurle – Je ne veux pas mourir ici !

    Ne suffit plus à faire bouger mes muscles endoloris ;

    Mon esprit se joint à eux et susurre – Peut-être que dormir

    Serait plus agréable que d’éternellement souffrir…

     

    Je ferme les yeux ; peu à peu le givre

    De l’isolement enveloppe mon corps fatigué.

    Soudain un oiseau que je n’avais vu que dans les livres

    Se pose doucement sur ma poitrine gelée.

     

    Tandis que j’essaie de me rappeler le nom du volatile,

    Celui-ci, à coups de bec fébriles,

    Commence à briser mon cercueil de glace, pourtant si luisant…

    Ah ! C’est un phénix. Je m’en souviens maintenant.

     

    Ses ailes de feu qui resplendissent d’espérance

    Ressemblent à un soleil au cœur de la nuit noire.

    Ses purificatrices larmes de lumière qui dansent

    Devant mes yeux me guérissent du désespoir.

     

    Je me relève péniblement, chancelante,

    Hébétée par l’apparition de cet étrange oiseau.

    Il époussète ses ailes flamboyantes,

    Puis me murmure ces mots :

     

    « Il est temps pour tes nuages orageux

    De se consumer sur le bûcher du bonheur.

    Je suis sûr que si tu attends un peu,

    De ta couronne d’épines éclora la plus belle des fleurs.

     

    « Pas étonnant que tu l’aies tant cherché,

    Ce bonheur auquel tu aspires !

    En effet, dans sa tanière il court se cacher

    Dès que la compagnie des autres tu commences à haïr.

     

    « La sortie du désert est plus proche que tu ne crois.

    Regarde, c’est par là !

    A droite de cette colline ensablée,

    On distingue une oasis azurée. »

     

    L’oiseau de feu s’installe sur mon épaule,

    Puis nous partons en direction du bonheur,

    Nous éloignant enfin de cette geôle

    Aux parois dénuées de couleurs.

     

    Même le soleil ardent qui s’arcboute

    Sous la tempête semble me sourire avec sérénité,

    Et depuis que j’ai croisé sa route,

    Le phénix ne m’a jamais quittée.


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