•  Mélancolie 

     

    Un spleen âcre comme de la poussière de craie

     M’irrite les yeux ; les larmes enflamment mes joues

     Comme des coulées de lave sur les pentes de mon cou

     Qui inondent inlassablement mon oreiller.

     

    Mes pensées solitaires résonnent dans mon esprit

     Comme les énormes cloches d’une basilique assoupie ;

     Cette mélancolie douce-amère et sans raison

     Se distille dans mon sang comme un poison.

     

    Je n’ai pas d’amis mais j’ai fait de mon esprit

     Mon ami ; parfois je me dispute avec lui

     Et cette querelle me laisse un arrière-goût amer.

     

    Je suis incapable de retrouver le sommeil :

     A l’idée de fermer les yeux, mon cœur se serre

     Et puis il y a ce plafond blanc qui me surveille…

     


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    Critique de... Renaissance (Christian Volckman)

    Résumé : Paris, 2054. Ilona Tasuiev, une jeune scientifique, est mystérieusement kidnappée. Karas, un policier spécialisé dans les affaires d’enlèvement, se lance à sa recherche mais, rapidement, il comprend qu’il n’est pas seul sur ses traces. La jeune femme est l’enjeu d’une guerre occulte qui menace l’avenir de l’humanité…

     

    Critique : Un film d’animation français (eh oui, quand on veut, on peut) tout simplement magnifique, tant par son graphisme original que par son scénario rondement mené. Parlons d’abord du graphisme : Renaissance est un film d’animation utilisant la technique de « motion-capture », ce qui explique le mouvement si fluide et naturel des personnages. Le film est entièrement en noir et blanc, ce qui lui confère une atmosphère oppressante. L’univers est définitivement science-fiction, avec des décors parisiens futuristes et sublimés, comme les quais de Seine entièrement sous vitre.

    Passons maintenant au scénario. Renaissance est un polar pur et dur, avec un suspense bien dosé et plusieurs retournements de situation inattendus. Le scénario global est parfait : en plus d’être très bien documenté sur une certaine maladie génétique (je ne vous en dis pas plus), le film bénéficie d’une fin magistrale.

    Enfin, les protagonistes ont une personnalité complexe et bien développée. Leurs passés respectifs sont dévoilés et se rejoignent au fur et à mesure du récit, ce qui leur confère une certaine profondeur. Les convictions de Karas sont ébranlées plusieurs fois au cours du film, montrant ainsi sa fragilité. En résumé, aucun manichéisme, un bijou de réalisme.

    Un film d’animation à ne pas rater si vous aimez les polars et la science-fiction !

     


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    Alors qu’elle pestait intérieurement, elle vit Hugo faire irruption dans la pièce, l’air très anxieux. Il se jeta presque à son chevet et la prit dans ses bras avec force. Il posa sa tête contre son épaule et soupira : « Oh mon Dieu, Rachel… J’ai eu si peur… Tu avais l’air si pâle quand tu es revenue, on aurait dit un fantôme… Tu n’aurais pas dû sortir avec des vêtements aussi légers, c’était évident que tu allais attraper la mort ! » Rachel s’aperçut qu’il avait la voix rauque comme s’il venait de pleurer et se sentit honteuse de lui avoir fait du souci, bien que le jeune homme fût en tort lui aussi. Pourtant, un détail la turlupinait : elle ne se rappelait pas la moindre chose depuis la boule blanche et brillante, alors que ce n’était qu’une hallucination. Elle était presque sûre qu’elle n’avait pas pu rentrer seule dans cet état. Et pourtant…

     

    Tandis qu’elle livrait un combat intérieur pour raviver ses souvenirs, Hugo murmura : « J’ai compris pourquoi tu me rejetais depuis quelque temps. Tu m’as vu avec Sixtine, n’est-ce pas ? » A ces mots, le cœur de Rachel fit un bond. Comment avait-il découvert que… ? Hugo reprit, la tête basse : « Je… suis désolé. Il s’agit d’un malentendu. Je ne l’ai jamais aimée, mais apparemment c’était son cas.  Elle m’a embrassé de force et a voulu aller plus loin, mais je l’ai repoussée. Elle semble ne pas avoir encore digéré mon refus… »

     

    Pendant qu’Hugo déballait ses arguments, Rachel sentit monter en elle un soulagement mêlé d’incrédulité. Un silence pesant s’installa entre les deux jeunes gens. Finalement Rachel articula doucement : « Merci pour ton honnêteté. Je… j’avais peur de t’avoir perdu et je suis désolée de ne pas… » Hugo la serra violemment dans ses bras jusqu’à lui faire mal et s’exclama, une pointe de colère dans la voix : « Imbécile ! Je suis le seul coupable ; tu n’as pas à t’excuser. » Puis il l’embrassa tendrement et ajouta : « A partir de maintenant, tout ira mieux. Promets-moi simplement de ne plus jamais me faire un coup pareil, j’ai vraiment eu peur. » Les larmes aux yeux, Rachel répondit avec un sourire apaisé : « Oui, d’accord… »

     

    Ils étaient enlacés depuis plusieurs minutes lorsque tout à coup une Voix résonna dans la tête de Rachel : « Bon… S’il pouvait partir ce serait bien. Nous devons parler. » Cette Voix avait un timbre très chantant, presque hypnotique ; à la connaissance de la jeune fille, aucun humain n’aurait pu émettre des sons aussi beaux. C’était un bruit si doux et si mélodieux qu’elle n’eut pas tout de suite conscience qu’il s’agissait d’une Voix. Cela aurait tout aussi bien pu être un souvenir, l’air d’une chanson de son enfance… D’autant plus qu’Hugo ne l’avait apparemment pas entendue.

     

    Lorsque la Voix répéta, agacée : « Alors ? Tu le fais partir oui ou non ? » Rachel eut un accès de frayeur. Il y avait bel et bien quelqu’un qui parlait dans sa tête ! Malgré sa peur, elle décida de cacher sa découverte à son amant, qui la prendrait sans doute pour une folle, et accéda à la demande de la Voix. Elle murmura à l’oreille d’Hugo en espérant qu’il goberait le mensonge : « Je suis désolée, mais je suis encore très fatiguée. J’ai besoin d’être un peu seule… » A son grand soulagement, le jeune homme acquiesça doucement : « Pas de problème. Je t’apporterai ton cadeau quand tu te sentiras mieux. » Il l’embrassa dans le cou et sortit du squat. Le local était de nouveau désert ; il n’y avait plus que Rachel… et la Voix.

     

    « Bien… J’ai cru qu’il n’allait jamais sortir, murmura la Voix. Mais c’est oublié, puisqu’à présent nous pouvons enfin discuter. » Rachel fronça les sourcils mais n’osa pas répliquer, car elle ignorait encore tout de la Voix qui s’était installée dans son esprit. Toutefois elle se risqua à demander du ton innocent qu’employaient les jeunes enfants cherchant à résoudre une des nombreuses énigmes des adultes : « Q… Qui êtes-vous ? Et que faites-vous dans… dans ma tête ? » Mais sa voix était devenue plus sarcastique et insistante sur la fin ; elle semblait ne plus pouvoir tolérer aucun évènement susceptible de l’énerver ou de l’angoisser depuis qu’elle avait éclairci le malentendu concernant Hugo et Sixtine.

     

    Pour toute réponse, elle sentit que quelque chose exerçait une pression croissante sur sa gorge, comme si on l’étranglait. Bientôt elle ne put même plus respirer. La Voix attendit que des points noirs se forment dans son champ de vision avant de relâcher l’étreinte. Rachel s’était mise à pleurer ; elle avait eu la peur de sa vie. La Voix déclara, glaciale : « Ici, c’est moi qui parle. Tu as intérêt à te montrer obéissante, sinon je choisis quelqu’un d’autre. Après t’avoir tuée, bien sûr. » A ces mots, Rachel tressaillit. Ce n’était pas des paroles en l’air. Peu importait la nature de cette Voix ; si elle avait le pouvoir de faire de telles choses – contrôler son corps à distance, par exemple – mieux valait rester tranquille et ne rien dire qui puisse la mettre en colère.

     

    « Bien, on dirait que tu t’es calmée… Nous pouvons donc partir ! » La Voix eut un petit rire – enfin, Rachel eut l’impression que c’était un rire. La jeune fille sentit que ses muscles bougeaient tous seuls ; elle se mit debout et commença à enfiler un manteau à demi froissé étendu sur le canapé miteux du squat. Prise de panique, elle s’écria : « Eh, attendez ! Vous ne pouvez pas disposer de mon corps comme il vous semble ! Et vous êtes qui, d’abord ? » La Voix marqua une pause avant de répondre : « Je suis Sigma. Tu n’as pas besoin d’en savoir plus pour le moment. » Rachel dut continuer à s’habiller.

     

    Rachel était en proie à une agitation intérieure qu’elle n’avait jamais connue auparavant. Elle ne pouvait rien faire pour empêcher son corps de bouger car Sigma semblait avoir un contrôle parfait sur ses muscles ; de plus, si elle s’opposait trop brutalement à lui comme tout à l’heure, elle finirait par se faire tuer – la Voix avait été on ne peut plus claire et convaincante sur ce plan-là. Pourtant, elle ne pouvait le laisser utiliser son corps ainsi… Rachel s’exclama précipitamment : « Où est-ce que vous m’emmenez ? Je ne peux pas partir, je… » Elle ne voulait pas quitter Hugo alors qu’elle venait de se réconcilier avec lui ! Sigma ne répondit pas : il semblait se concentrer sur le contrôle de ses mouvements. Rachel ouvrit la porte du squat et sortit ; le froid était un peu plus supportable car elle avait à présent un manteau d’hiver sur les épaules. Mais alors qu’elle s’avançait sur le trottoir couvert de neige, la jeune fille tomba nez à nez avec Hugo, en train de fumer une cigarette.

      

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    Suite et fin samedi 27 octobre ! =)

     


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  •  Complainte d’un cœur esseulé

      

    L’insoutenable souffrance grandit dans mes entrailles

     Comme une plante grimpante qui attaque le mur de pierre.

     Mon cœur douloureux est un océan de paille

     Enflammée et je me noie dans mes larmes amères.

      

    Epuisée, mon âme éplorée hurle en silence,

     Incapable de parler, ou même de raisonner

     Parfois, je me prends à penser que la dure lance

     De l’oubli me serait bien plus douce et sucrée…

     

     Depuis que ma moitié s’en est allée au loin,

     Mon cœur palpite moins fort que celui d’une statue

     Dévorée par le lierre et laissée dans un coin.

     

    Même si elle est bondée et joyeuse, la rue

     Où je vagabonde me semble si monotone et vide

     Il m’est pénible de supporter cette vie morbide.

     


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    Critique de... Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire

     

    Résumé : Alors que tous dans la maison de retraite s'apprêtent à célébrer dignement son centième anniversaire, Allan Karlsson, qui déteste ce genre de pince-fesses, décide de fuguer. Chaussé de ses plus belles charentaises, il saute par la fenêtre de sa chambre et prend ses jambes à son cou. Débutent alors une improbable cavale à travers la Suède et un voyage décoiffant au cœur de l'histoire du XXe siècle ...

     Car méfiez-vous des apparences ! Derrière ce frêle vieillard en pantoufles se cache un artificier de génie qui a eu la bonne idée de naître au début d'un siècle sanguinaire. Grâce à son talent pour les explosifs, Allan Karlsson, individu lambda, apolitique et inculte, s'est ainsi retrouvé mêlé à presque cent ans d'événements majeurs aux côtés des grands de ce monde, de Franco à Staline en passant par Truman et Mao...

     

    Mon avis : Rien qu'à la lecture de la quatrième de couverture, je savais que ce roman serait un coup de cœur. Et je ne me suis pas trompée : j'ai vraiment a-do-ré ! Tout d'abord, parce que le personnage principal, Allan Karlsson, est un centenaire (enfin un protagoniste qui n'est pas un adolescent ! ça fait plaisir) dont la vie a été pour le moins... mouvementée. Ensuite pour la joyeuse bande qui l'accompagne au fil du récit : les personnages sont tous aussi drôles les uns que les autres. Et enfin pour les péripéties, loufoques et déjantées à souhait. Une fabuleuse découverte que ce roman suédois, je le conseille à tous sans exception !

     


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